La graisse de guerre, le rationnement et le contrôle de l’abattage

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Comme la guerre semblait durer plus longtemps qu’on le pensait, le gouvernement du Canada a créé en juillet 1942 la “Commission des Prix et du Commerce” en temps de guerre. Cet organisme fait sentir tout son pouvoir de contrôle en l’année 1943. On a établi des “carnets de rationnements”. On a imposé des quotas de consommation sur une grande quantité de produits, le bétail, le charbon, la viande, le sucre, le sel, le beurre, les oeufs, le lait, l’essence,,, et j’en passe…

Pour éviter le marché noir, on surveillait les transports de marchandises. Ainsi un citoyen de Saint-Jean “qui a négligé d’inscrire sur les deux côtés de son camion son nom et le lieu où il tient son principal endroit d’affaires, tel que l’obligeait la Commission des Prix, se vit imposer une amende 50 $”. (Le Canada-Français 26 août 1943, page 19). Un autre fautif écope “d’une amende totale de 65 $ pour trois négligences: avoir vendu un pneu sans avoir de permis, pour avoir exigé un prix plus élevé que celui autorisé, et sans se faire remettre le pneu usagé de son client”. (Le Canada-Français, 4 novembre 1943, page 9).

On a instauré des contrôles entre autres sur l’abattage des animaux (Le Canada-Français, 6 mai 1943, page 7), allant jusqu’à recueillir les os et la graisse animale, le saindoux, les gras de cuisine: “Le Canada a besoin et doit avoir toutes les graisses…Avec la graisse on fait de la glycérine… Avec la glycérine on fait des explosifs… Ne jetez pas une seule goutte de graisse. Le Canada en a besoin pour gagner cette guerre…”. (15 avril 1943, p. 24).

“Glycérine pour Adolf, Benito et Tojo”, proclame-t-on avec sarcasme !

Sources: Le Canada-Français, 6 mai 1943, p. 7. Le Canada-Français, 26 août 1943, page 19. Le Canada-Français, 4 novembre 1943, page 9.