À Chambly, la rue St-Georges a servi de chemin de portage

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Il y a des chemins qui n’ont pas d’histoire, sauf un usage banal et commun de transit. D’autres chemins possèdent une mémoire, une fonction particulière que l’histoire a oubliée. Il en est de même de la rue du Canal à Chambly, aujourd’hui appelée rue St-Georges. Entre les années 1835 et 1843, cette rue transversale était la seule qui reliait le canal inachevé avec l’avenue Bourgogne. Pendant près de huit ans, cette voie utilitaire a servi de chemin de portage entre le canal et le Bassin où de nombreux charretiers y trouvaient de l’emploi.

“Nous avons le plaisir d’annoncer que le canal de Chambly est presque entièrement achevé. Des effets venus de New York sont descendus dernièrement par le canal jusqu’à une demie lieue du village de Chambly où, après un court portage, on les a chargés pour Québec. (La Minerve, 18 mai 1835). Il est passé par le canal, pendant cette saison (1836), une quantité considérable de bois, de marchandises, etc. Et s’il avait été achevé, ainsi que les améliorations que l’on avait projeté de faire à la navigation de la rivière Richelieu, il est certain, d’après le bas prix du transport et les autres facilités qu’offre cette route, qu’on se serait exclusivement servi du canal pour le transport des gros articles, tels que le bois, le fer, le sel, le charbon, le plâtre, la farine, les grains de toutes sortes”, etc. (Le Cahier des Dix, no 55, 2001, page 269).

Quelques usagers auraient souhaité qu’on installe un passage sur le canal pour leur besoin.”En 1892, une pétition de vingt signataires, dont André Ander, Joseph Ostiguy, John S. Morrison, Won. M. Tompkins, Félix Breux, etc, prie le conseil municipal d’ouvrir la rue du Canal joignant le canal de Chambly pour le trafic public. La demande a été refusée par le conseil des élus, parce que le gouvernement refuse « any passing on the Canal ”. (Procès-verbaux de la municipalité de Chambly-Canton, 20 avril 1892).

En février 1918, la municipalité de Chambly-Canton, dirigée par le maire Louis-Olivier Bergevin, accordait de nouveaux noms aux rues. La rue du Dépôt s’appellera désormais la rue de l’Église, la rue du Petit-Canada devient la rue Saint-Jacques; celle du Canal est rebaptisée Saint-Georges. La rue du Moulin devient la rue Willett, et la rue du Marché, s’appellera désormais la rue St-Joseph (actuelle rue Lafontaine), etc. (Armand Auclaire, 1849-1949).