Une pratique disparue : Payer son banc de famille à l’église

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Chaque père de famille se devait de conserver son banc dans l’église paroissiale. Oublier de le payer à la date convenue, c’était risquer de le perdre au bénéfice d’un autre paroissien. Surtout chez les notables du lieu, qui jouissaient d’une place de banc bien en vue, à l’avant de la nef, c’eut été un déshonneur de se faire chiper son privilège par un “habitant” du rang “de la Misère”.

C’est ainsi que le notaire René Boileau avait même refusé que son siège en première place dans le jubé soit déplacé pour donner plus d’espace au nouvel orgue de l’église. On ne badine pas avec les droits honorifiques.

À Chambly, il s’est trouvé aussi que la seigneurie avait été achetée par la succession de William Yule, une famille anglicane. Or, le seigneur détenait de droit un banc exclusif, unique par ses dimensions plus élevées. Voilà donc que la veuve de William, Mme Laetitia Ash, qui ne fréquente pas Saint-Joseph catholique, mais plutôt St. Stephen’s protestant, refuse énergiquement que le marguillier en charge vende son banc.

Michel Lamoureux reçoit donc un sommation, signée de deux notaires (de Saint-Mathias !!! Pourquoi donc ???) de ne pas procéder à cette vente. “… les requérant se croyent bien fondés de faire défense au dit Michel Lamoureux de faire procéder à la vente du dit banc seigneurial… à peine de tous dépens, dommages et intérêts…” Signé par Paul Bertrand et Donat Davignon, notaires, le 28 avril 1855.

Sources: Sur internet. Photographie du banc seigneurial de la famille Aubert de Gaspé à St-Jean-Port-Joli, Paul Grant, 2001.

Le banc de famille seigneurial. Musée de Vaudreuil-Soulanges, 2009, avec le blason et la devise: “Dominus mihi adjutor” Dieu est mon secours.