Un balayage municipal à Chambly en 1932. Une absence coupable en 1897

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le symbole est trop fort. Le message trop éloquent. Décidément on a voulu balayer les ordures. Mais lesquelles ? Celles du passé, en criant à l’équipe en place: Dégage ? Ou celles du futur, en promettant un nettoyage de la ville ?

Quoiqu’il en soit, la photo prête à sourire. Rien qu’à voir le regard grave et déterminé des figurants, tous masculins, bien cravatés et chapeautés. Sérieux, mais ils ont de l’humour ! Seul le maire ne porte pas de paletot sur son costume rayé. Mais il arbore des guêtres blancs.

On a identifié, allant de gauche à droite, en avant: Roméo Perrault, Hortensius Béïque, Zotique Giard, Pierre-Émile Caron. En arrière: Aimé Petit, père, Adrien Brien et Wilfrid Maheu.

Roméo Perrault (1891-1978), sans balai, est le secrétaire-trésorier de la municipalité. Il sera aussi chef de police pendant vingt-cinq ans. Hortensius Béïque (1889-1951), maire de 1929 à 1948, et député conservateur, puis de l’Union Nationale à l’Assemblée législative. Zotique Giard (1880-1962), marchand. Pierre-Émile Caron (1874-1943), tabaconiste et marchand. Aimé Petit (1871-1940), maître de poste, représentant d’une compagnie de bière. Adrien Brien (1867-1942) marchand et maître de poste. Wilfrid Maheu (1887-p1941), cultivateur.

 À Chambly-Bassin, 16 janvier 1897. L’élection municipale du village du Bassin de Chambly a eu lieu. MM. Georges Pepin (1857-1931), commerçant, et Charles Allard (1848-1913), bourgeois, ont été élus par acclamation, au grand déplaisir des conseillers conservateurs qui se sont donné toute la peine possible pour faire manquer l’élection. Voici comment ils s’y sont pris:

À la dernière assemblée du conseil le jour avant l’élection, ils n’ont pas nommé de président d’élection, sachant qu’à défaut de telle nomination, c’est le secrétaire-trésorier qui doit présider. Or, le secrétaire-trésorier, le notaire Émery-Philippe Bertrand (1858-1931), est aussi secrétaire-trésorier de la municipalité de la paroisse de St-Mathias, de sorte qu’il ne pouvait être en même temps aux deux endroits. Il s’entendit avec le maire, M. Charles Durocher (1841-1903), pour que celui-ci le remplaçat au village de Chambly-Bassin, et lui irait à St-Mathias. M. Durocher lui promit de le remplacer à Chambly. Mais M. Durocher manquât à sa parole et ne parut pas à l’assemblée, si ce n’est que vers les dix heures et cinquante minutes. Alors il fit son apparition pour dire aux lecteurs présents qui avaient nommé un président, qu’ils étaient hors la loi.

Le but de M. le maire et de ses collègues conservateurs était de faire manquer l’élection pour faire nommer des conseillers de leur choix par le lieutenant-gouverneur. Que dites-vous de la conduite du maire en cette circonstance ? (La Patrie, 21 janvier 1897).

Précisons que Georges Pepin et Charles-Amédée Allard sont issus des libéraux, parti de Wilfrid Laurier et de Félix-Gabriel Marchand. Le maire Charles Durocher participe à la faction conservatrice de Charles Tupper et d’Edmond-Jones Flynn

Références: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, Fonds Aimé-Petit, P-115 p-06. Chambly 1665-1990Dictionnaire encyclopédique de la seigneurie de Chambly, 1609-1950.