Soirée magique avec Vincent Vallières

André Corbeij

CHAMBLY« Faque on est rendu là Chambly!  Ma guitare pis moé devant vous autres. Ça fait 10-12 ans que je n’ai pas fait ça un show en solo.  C’est un bon test pour les chansons et c’est un bon test pour le chanteur aussi ! Ça permet de voir si t’as encore l’œil du tigre ».

C’est avec cette boutade inspirée du film « ROCKY III », que Vincent Vallières a lancé son spectacle hier soir dans le cadre du Festi-Parc de Chambly. Le barde originaire de l’Estrie est donc venu se désembourgeoiser pour retrouver « l’oeil du Tigre » sa « drive du début ».

Heille Vallières !

Gosser des tounes avec une guit et un crayon…Ça, Vincent Vallières sait encore très bien le faire et il nous en a donné une belle démonstration hier soir dans un show parfait, qui mariait anecdotes savoureuses et chansons biens ficelées; celles magnifiquement contenues sur son dernier disque « Toute beauté n’est pas perdue ».

Seul sur scène donc, avec ses guitares et son piano, les chansons offertes en mode dépouillé, a permis aux textes de prendre toute leur mesure. Des chansons qui raconte des histoires et observations personnelles inspirées par la vie de tous les jours, comme dans la magnifique pièce « La somme », où le chanteur retrace les grand chapitres de sa vie; de sa sortie de l’école primaire, en passant par les premiers deuils familiaux, la première blonde, première guit, la première job, le premier band; le cégep, la campagne référendaire, la défaite amère, la résurgence des souvenirs, la paix,  l’amour… « On est la somme on s’entend, de ben de l’amour mon gars ». 

Le concert proposé en formule raconteur nous a permis de faire immersion dans la carrière du chanteur qui a ravivé ses débuts modestes, ses rêves et aspirations… du jour où, sans le sous et sans job au tournant des années 2000, avec sa blonde, il décide à 22 ans de déménager à Montréal de son lieu d’enfance pour aller écrire des chansons. « On ne regardera plus jamais en arrière », dira-t-il sereinement…

La guitare à Richard Séguin

Parmi les anecdotes savoureuses de la soirée, celle de l’acquisition de la fameuse 12 cordes GUILD de Richard Séguin marque encore l’imagination. Alors qu’il doit se rendre à une entrevue dans le cadre des Francofolies de Montréal en compagnie de Richard Séguin…il sera plutôt accueilli dans une salle de presse par sa famille et ses amis pour recevoir un disque d’or.

« Rendu dans la salle de presse y’en avait pas d’entrevue. Ma compagnie de disque avait organisé une fête pour me remettre mon premier disque d’or. J’étais très ému. Toute ma famille était-là. Ma grand-mère aussi. Puis Richard Séguin me prend à part et il me dit : « Vincent dans la musique qu’on fait, la chanson folk, y’a une tradition qui veut qu’un chanteur lorsqu’il arrive à un âge vénérable, donne une de ses guitares à un plus jeune. ».

« Je savais que cette tradition existait aux États-Unis. Johnny Cash avait donné une de ses guitares à Bob Dylan. Faque Richard Séguin s’en va dans un coin et ramène un case… Il sort la guitare… celle qu’il avait acheté aux États-Unis à la fin des années 1970. Il en avait ramené deux… l’autre étant pour Serge Fiori. C’est sur cette guitare qu’il a composé l’album « Deux cents nuits à l’heure ». En sortant la guitare du case Richard me dit : Elle est à toi celle-là. J’étais très ému. Cette guitare en a vu de la musique se jouer… Et c’est celle que j’aimerais emporter avec moi sur une île déserte. »

Photographies : André Corbeij © / Tous droits réservés / Reproduction interdite