Robes de boeufs et peaux de bison !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Ce texte est offert aux lecteurs pour rafraîchir notre atmosphère… et pour ne pas oublier l’hiver qui vient. Les immenses troupeaux de bisons de l’Ouest ont servi pendant des siècles de greniers de nourriture (le pemmican) pour les tribus amérindiennes. Ils ont aussi satisfait les frileux de l’Est, tant au Canada qu’aux États-Unis, au cours des siècles derniers.

La fourrure de ces bovidés protégeait admirablement des froidures de l’hiver. Beaucoup de personnes possédaient de ces pardessus poilus qui allaient jusqu’en bas des genoux. Ce n’était pas le grand chic des fourrures de vison ou de castor, mais sur les longs trajets de la maison au moulin ou de la maison à l’église ça gardait son homme au chaud.

Le postillon Oscar Perron s’en félicitait. Le “boss” Pelletier de Chambly s’est enfirouapé” (in fur wrapped) dans un semblable survêtement poilu pour passer chez le photographe.

Il existait aussi un usage moins élégant de ces peaux de bison. On aménageait les peaux plus rustiques en une sorte de couvertures chaudes dans les traîneaux et les sleighs. Ces lourds couvre-corps s’appelaient chez-nous “peaux de carrioles”. Y a pas un trente-sous-zéro qui traversait ces “blindés”, foi d’auteur. Sous ces guitounes, les allers et retours de l’école paraissaient floridiens.

En 1850, l’inventaire du magasin de Timothée Franchère à Saint-Mathias faisait état de deux “robes de boeuf”, à vendre au prix de 2 et de 3 chelins, monnaies anglaises. Ce surplus d’hiver est sacrifié au coût d’aubaine de une piastre canadienne.

Sources: Notaire Paul Bertrand, inventaire de la communauté de feu Timothée Franchère, acte no 5467 daté du 5 juillet 1850.  Journal Le Sorellois, 3 novembre 1880.

Photo: Elzéar Pelletier (1880-1954), surnommé “le patron”, vers 1930, dans Les Cahiers de la seigneurie, no 20, mai 1995, page 27, un texte du juge Gilles R. Pelletier. Archives de la Société d’histoire de Chambly Fonds Fernande-Pelletier, P004p08