Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – La police vent de mettre la main sur deux fines voleuses, Philomène et Octavie Fortin, toutes deux domestiques, qui ont commis un nombre considérable de vols au préjudice de personnes trop confiantes qui les ont employées. Elles se trouvaient en dernier lieu au service de M. le colonel de Salaberry, à Chambly. Elles réussirent à capter la confiance de leurs maîtres et, se croyant à l’abri du soupçon, organisèrent bientôt un pillage en règle. Chaque jour, quelque bien nouveau disparaissait, si bien qu’à la fin, Mme de Salaberry pensa que les auteurs de tous ces vols pourraient bien être ses deux servantes. Elle les fait épier et acquit bientôt la conviction de leur culpabilité.
Une fouille faite dans leurs valises amena la découverte de quelques objets volés. Mais Mme de Salaberry, trop bonne pour faire une plainte à la police, se contenta de les congédier, après leur avoir payé le montant de leurs gages. Quelques jours passèrent lorsque Mme de Salaberry, ouvrant une armoire, s’aperçut que des objets importants cette fois avaient disparus. Elle crut alors que l’indulgence était hors de saison. Elle donna avis à la police de Montréal qui arrêta promptement ces habiles voleuses. L’une d’elles, Octavie, est restée l’an dernier trois mois au service de M. Bissonnette, le grand connétable, qui l’a mise prudemment à la porte, se méfiant de sa probité.
Il s’agit ici de Charles-René-Léonide de Salaberry (1820-1882) baptisé le 27 août 1820; décédé le 25 mars 1882 à L’Assomption et inhumé à Richelieu dans le mausolée Allard. Enseigne de milice, il fut nommé capitaine le 10 septembre 1839 (L’Aurore des Canadas). Il sera lieutenant-colonel de milice (Registre de Chambly, 3 juillet 1870). Il aura été le principal fondateur du 9e régiment des Voltigeurs de Québec, dont il fut le premier lieutenant-colonel (P. G. Roy : La Famille Irumberry de Salaberry). Veuf de Cordélie Franchère, il avait épousé le 1er septembre 1869 Louise-Joséphine Allard (1843-1877), à Chambly. Ils auront quatre enfants; trois leur survivront, dont Thérèse de Salaberry, baptisée en 1874 et future belle-mère de Georges Vanier.
Au moment des vols dans sa demeure, Mme Louise-Joséphine Allard-De Salaberry avait un enfant au berceau. Elle était enceinte d’un deuxième: Joseph-Alexandre-René de Salaberry (1870-1945), baptisé le 3 juillet 1870 à Saint-Joseph, Parrain: Mgr. Alexandre Taché, évêque de Saint-Boniface, Rivière-Rouge, représenté par Charles-Henri Fleury-Deschambault, seigneur de Saint-Denis. Marraine, Adelphine-Bathilde Soupras, seigneuresse de Foucault, épouse du Dr Charles Boucher de Grosbois . Les Salaberry du Canada descendent de ce petit fils de Charles-Michel de Salaberry.
Louis-Michel-Philippe de Salaberry, baptisé le 13 octobre 1871. Parrain, Charles-Amédée Allard; marraine, Marie-Anne-Lilia Irumberry de Salaberry (Registre de Saint-Joseph-de-Chambly, 13 octobre 1871). Louis-Philippe-Michel de Salaberry sera inhumé dans le caveau de la famille Allard, le 22 novembre 1871.
M. le colonel de Salaberry quitte aujourd’hui Chambly pour la Gaspésie, étant chargé de mission pour le gouvernement comme garde-forestier. Nos souhaits de succès accompagnent M. de Salaberry dans ce pénible voyage. (La Semaine Agricole, 29 novembre 1872).
Source: L’Opinion Publique, 29 juin 1871, page 3.
Photographie vers 2008, collection de l’auteur. La résidence, rue Langevin à Chambly, de Charles-René-Léonide de Salaberry et de Louise-Joséphine Allard.