Le jour où la ville de Saint-Jean a brûlé !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – C’était le 18 juin 1876. “Un dimanche, vers huit heures du matin, le feu commençait ses ravages dans des piles de planches en arrière du moulin à scie de M. Bousquet. Un fort vent du sud soufflait alors et les flammes se répandirent avec une grande rapidité. À huit heures quarante-cinq, le feu s’était étendu jusqu’au coin de la rue Partition, après avoir détruit la maison de douane, les bureaux de poste, du télégraphe et de l’express. À 11 heures, toute l’étendue de la rue Richelieu, du sud au nord, était en proie à l’élément destructeur. Pas une seule bâtisse n’a échappé au désastre sur cette rue, la principale de Saint-Jean et le centre des affaires. Le côté est de la rue Champlain est aussi en grande partie consumé. Le feu se communiqua au pont qui conduit à St-Athanase et à deux barges qui brûlèrent entièrement.

La succursale de la Banque des marchands et la Banque de Saint-Jean furent brûlées… Tous les principaux hôtels étant en ruine, grand nombre de personnes se logèrent provisoirement dans les casernes. Toutes les places d’affaires un peu importantes furent détruites. On dit que deux personnes devinrent la proie des flammes. Les ossements de Mme Lynch ont été depuis retrouvés. On évalue les pertes à près de 2 millions de dollars.

Quant à l’origine du feu, on est d’accord que c’est l’oeuvre d’un incendiaire. L’heure était choisie avec une science infernale. C’était précisément le moment où l’ingénieur des pompes (de l’aqueduc) éteint les feux qui produit la vapeur et il vidait les chaudières pour les nettoyer”. Le feu fondait les tuyaux, rendant inutilisables les lances à incendies.

La ville de Boucherville avait perdu 200 maisons dans une conflagration le 20 juin 1843.

La ville de Saint-Hyacinthe a connu deux désastres, l’un en 1854, l’autre le dimanche 3 septembre 1876 (année fatidique), aussi allumé par une main criminelle. Près de 90 bâtisses ont été reconstruites. (Le Courrier de St-Hyacinthe, 4, 5 et 22 septembre 1876). À Marieville, le jeudi 28 mai 1903, 25 maisons seront brûlées. (La Patrie, 29 mai 1903).

Texte et illustration: L’Opinion Publique, édition du 29 juin 1876