Le fort de Chambly sous toutes les couleurs. Celles de George Heriot

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – C’est une aquarelle et graphite qu’on estime datée de 1815. L’estampe est déposée au Musée du Québec.  George Heriot a exécuté un grand nombre d’aquarelles. Plusieurs ont été publiées dans “Travel Through the Canadas” en 1807.  On notera que la topographie des lieux est excessivement accentuée. Comment reconnaître le mont Saint-Hilaire dans ces monts pointus ? Et d’où viennent ces collines et ces bosquets derrière le fort ? L’auteur a ajouté à la courtine sud un contrefort en longueur, dont l’existence est plus que douteuse. Il y a beaucoup de cheminées, mais où est la porte d’entrée ?  Il souligne la présence de soldats britanniques près d’un chemin grossier menant aux nouvelles casernes. George Heriot s’est-il peint lui-même ? Remarquez aussi les oiseaux aux bouts d’aile noirs et un ciel orageux.  Bref l’ensemble est une adaptation libre qui dégage un naturel sombre, cramoisi, un peu terreux, sans artifices.

George Heriot (1759-1839), d’origine écossaise, est présent à Québec et 1792. Il avait été élève officier du Royal Military Academy. Au Canada il deviendra Receveur des postes de l’Amérique britannique du Nord. Est-ce cette fonction qui l’a amené au fort de Chambly, où se trouvait le premier bureau de poste local dès 1802 ? Le maître de poste en fonction était alors Isaac A. Germain (c1780-1820), quartier-maître du 60ème régiment (Jean-Baptiste Grisé, 18-10-1792; Joseph Papineau: 11-2-1799), commissaire pour la garnison (René Boileau, 25-4-1810; 22-11-1811), clerc dans le commissariat (René Boileau, 7-4-1817). Est décédé à Chambly, le 20 novembre, après une longue maladie, Isaac Germain, environ 40 ans, maître de poste (Montreal Gazette, 29-11-1820). Il est inhumé au cimetière St. Stephen.

Quoique cette oeuvre ne soit pas signée, on l’attribue au peintre et auteur George Heriot. “Heriot n’a pas signé plusieurs de ses toiles… Il est presque certain qu’une de celles-ci était <A View of Fort Chambly in Lower Canada>, qu’il avait dessinée en 1815, un an avant son départ définitif du Canada pour l’Angleterre...”, selon Gerald Finley “George Heriot, Postmaster, Painter of the Canadas“, Heritage, 1983, pages 110 et 111.

Références Gerald Finley: George Heriot, Postmaster, Painter of the Canadas, Heritage, 1983. Serge Duhamel: Cap-aux-Diamants, no 34, automne 1993. Archives numérisées de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly,