Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Le tableau de Krieghoff, aux nuances de bleu, nous offre un magnifique ciel d’hiver, étoffé de nuages mauves où perce une aurore lumineuse. Ce paysage de Krieghoff, tout comme ses autres scènes enneigées, brille par sa luminosité, comme les hivers blancs de notre pays.
Notez que le firmament occupe les trois-quarts de son tableau. Le fort demeure en retrait. L’artiste a voulu plutôt valoriser la cabane d’un habitant. Elle attire à prime abord toute l’attention du spectateur. La remise contigüe et la blancheur du site ajoutent un surcroit de charme au tableau. On voit là tout l’intérêt du peintre pour les paysages, les divertissements et le pittoresque rural.
Si le mont Saint-Hilaire de même que le fort assurent un certain réalisme, le reste du paysage est issu d’une composition libre. La pointe de terre où se situent la maison de bois ainsi que l’étang glacé où patine un traîneau rouge n’appartiennent pas au décor de Chambly.
Le peintre Cornelius Krieghoff (1815-1872) est l’artiste des hivers québécois, des neiges, des saisons, des habitants avinés qui font bombance. C’est celui des amérindiens, de la chasse, des coureurs de bois. Combien de ses oeuvres représentent un poste de péage où le voyageur s’échappe de la barrière sans payer ?
La toile “L’auberge Jolifou” demeure une de ses caricatures hautement colorées et fort divertissantes. Quoique certains y aient vu une caricature de québécois trop souvent retenu “dans les vignes du Seigneur“. Né à Amsterdam, Krieghoff arrive au Québec dans les années 1840. Il s’installe à Longueuil en 1845, ira à Toronto, mais décèdera à Chicago en 1872. En séjournant à New York, il avait épousé une jeune fille originaire de Longueuil, Louise Gauthier dit St-Germain.
Références: Raymond Vézina dans Dictionnaire biographique du Canada, vol 10.
Michel Pratt, Dictionnaire historique de Longueuil, de Jacques-Cartier et de Montréal-Sud, page 258
Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, Collection de photos numérisées, no 015.