Communications. Éclairage des rues. Des monteurs de ligne autrefois

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – La photographie jointe illustre une façon manuelle et collective de “planter” les poteaux pour l’éclairage des rues, au temps de l’énergie des bras. Le lecteur aura noté les risques d’accident lors d’un tel montage sur une surface enneigée et un terrain glacé. Mis à part les curieux, on compte six hommes munis de piques à l’épaule pour dresser un tel poteau. À droite un ouvrier tient une paire de tenailles pour empêcher le billot de tourner. En fait, est-ce qu’on est en train de “mâter” ou de “démâter” le pylône ? Cette scène exceptionnelle a été prise sur le vif  à Marieville vers 1920.

Dans les années 1840, on établit les premières lignes télégraphiques au Bas-Canada. “Samedi soir, le 23 octobre 1847, New York et Montréal conversèrent ensemble au moyen du télégraphe électrique, le circuit d’électricité allant directement d’une ville à l’autre sur une distance d’environ 1 000 milles“. (La Patrie, 19 février 1885, selon L’Angus d’Albany). Six ans plus tard, la presse nous apprend que “des citoyens de Québec et de Chambly ont formé une compagnie pour établir une ligne de communication télégraphique entre les villes de Montréal et les townships, reliant Richmond, Stanstead et Dunham à ces deux villes“. (La Minerve, 4 mai 1853). Nous ignorons s’il y a eu une suite.

Les lignes de communications reviennent à l’ordre du jour en 1874. Il s’agit cette fois d’une liaison télégraphique le long du tout nouveau chemin de fer. “.M. Dosithée Soupras et Cie viennent de faire une entreprise de plusieurs milliers de piastres avec les contracteurs du chemin de fer Montréal Chambly Sorel. Ce contrat consiste dans la construction de clôtures depuis le fleuve Saint-Laurent jusqu’à la ligne provinciale entre le Canada et les États-Unis, ainsi que la pose de poteaux de télégraphe. (La Minerve, 4 février 1874; L’Opinion Publique, page 75, 1874). Soupras a obtenu avec Fulgence Beaucheminde Saint-Hilaire, le marché conclu avec Hibbard, Cameron et Co, pour faire les clôtures depuis le Saint-Laurent à aller à la ligne provinciale entre le Canada et les États-Unis de chaque coté du chemin de fer. (Scheffer: 15 décembre 1873).

Vingt-cinq ans plus tard, “la compagnie électrique de Chambly, connue sous le nom de <The Chambly Manufacturing Electric Power Service> pousse rapidement ses travaux. Les poteaux sont maintenant plantés jusqu’à Saint-Lambert et des arrangements ont été pris avec le <Grand Tronc> pour faire communiquer les fils de la compagnie avec Montréal sur le pont Victoria. M. Peter Lyatt, entrepreneur de la maçonnerie, croit que ses travaux seront terminés au mois d’octobre, en sorte que Montréal pourra utiliser les immenses pouvoirs du Richelieu, dès cet automne”. (La Patrie, samedi, 8 mai 1897).

Le poseur de ligne, Louis-Dosithée Soupras (1835-1889), de Chambly, avait épousé (1) Julie Sabatté (1828-1869) le 12 mai 1856 eten secondes noces, Marie-Anne-Joséphine Normandin (1841- ) le 18 février 1871. Sur l’acte de sépulture à la paroisse de Saint-Mathias, on lit qu’à cette date M. Soupras demeurait à Saint-Jacques de Montréal, et qu’il était surintendant de l’ile Ste-HélèneFulgence Beauchemin (1848-1931), de Saint-Hilaire, avait épousé Marie-Louise Leduc en 1873.

En 1903, on envisage la construction entre Chambly et Saint-Jean “d’une ligne d’électricité pour le 1er juillet 1903“. (Le Canada Français, 8 mai 1903). Toutefois, sur le canal de Chambly, une première ligne électrique était en opération depuis plus de douze ans: Un rapport du 5 novembre 1891 fait mention “qu’on a déjà installé 75 poteaux de cèdre le long du canal pour recevoir les fils de la lumière. En 1893, un dynamo de quarante lampes complète l’installation qui fournit l’électricité le long du canal et dans l’atelier des ouvriers. (Archives de la SHSC, fonds Gilles-Pelletier, A-4-4, P-241).

Références: Société d’histoire de la seigneurie de Monnoir. Fonds Viens, photo no DSC-0320. Vers 1910-20. Le Montérégien, édition 7 octobre 2019. Dictionnaire de la Société d’histoire de Beloeil-Mont-St-Hilaire.