Beau, beau, le portrait de Charles-Michel de Salaberry,… nez en moins…

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Il porte beau quand même, le major. Néanmoins, on a pu se plaindre de la qualité du tableau réalisé par le peintre New Yorkais, Anson Dickinson vers 1824. On le voit en costume militaire, arborant ses deux distinctions: La médaille commémorative de la bataille de la Châteauguay et le ruban de Compagnon militaire de l’ordre du Bain. Cheveux frisés poivre et sel, collet monté. Cicatrice au front. Menton volontaire. Regard perçant.

Jacques Viger, un ami de Salaberry avait insisté pour faire tirer ce portrait ressemblant. Mais il a trouvé à critique. S’adressant au peintre, il écrit: “Je vous prierais d’être plus soigneux pour le tissu. Les poignets et le col étaient de velours. La cravate autour du cou était de soie noire. La gaine de l’épée était en acier… Je vois au reste que c’est une erreur commune à nos artistes de ne soigner que les têtes et de négliger le reste… qu’ils ne regardent que comme un accessoire indigne du fini qu’ils mettent à ces têtes…”

Salaberry lui-même y est allé de sa retouche: “Je vous dirai que généralement on est déchainé contre ce pauvre nez. Il vous faudra y faire quelque petite opération, si vous ne voulez pas qu’il lui arrive quelque désagrément, tel que le voir arracher… Néanmoins, je crois, comme bien d’autres, que ce chien de nez est tant soit peu trop gros…”

Commentaires: À vue de nez, le tableau néz pas si néz-gatif. C’était quand même un pied de nez, au nez et à la barbe du peintureur.

Sources: Le tableau de Charles-Michel de Salaberry, par Anson Dickinson. Au musée du Château Ramezay. Image couleur inversée, de même que ses armoiries.

Représentation adaptée de la peinture de Salaberry pour une publicité de bière Molson.
Textes: La peinture au Québec, 1820-1850, Collectif, pages 246-247. Musée du Québec. Les Publications du Québec, 1991. 602 pages.