Virus, épidémies, contagion, quarantaine. Qu’en fut-il à Chambly ?

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Serait-ce les bateaux qui répandent les maladies ? Pourquoi les pandémies viennent-elles de l’Asie ?

C’est une espèce de petit rongeur asiatique appelé “gerbille”, qui aurait été à l’origine des flambées de peste noire durant le Moyen-Âge. … Cet animal aurait été le premier à porter des puces infectées par le bacille Yersinia pestis, responsable de la peste. Quatre millions de morts, dit-on.

Quant au choléra, la deuxième grande épidémie mondiale, elle naît en Inde vers 1826. Elle se répand en Europe et atteint le Canada en 1832, avec une reprise chez nous en 1834. Jean-Baptiste Lavigne, 22 ans, matelot à bord du vapeur “Richelieu”, est enterré dans le cimetière de Chambly, le 16 juin 1832. Une des premières des 135 victimes du choléra à Chambly.

À Chambly en janvier 1810, une sorte de “fièvre jaune” mène au tombeau plusieurs résidents du village et un grand nombre d’habitants du “bas de Chambly”, selon le rapport du curé. Il est mort beaucoup de monde dans les environs de Saurel. Aussi beaucoup de ravages dans Saint-Hyacinthe, Saint-Denis et Saint-Ours. (Le Canadien 3 février 1810).

Le curé Bédard écrit: “Depuis quelques jours, nous avons dans la rivière Chambly une mortalité plus qu’ordinaire, surtout dans le bas. M. Fréchette et M. Prévost ont été beaucoup occupés auprès des malades. Cette mortalité a gagné le bas de ma paroisse. J’ai enterré six grandes personnes entre Noël et les Rois, ce qui extraordinaire pour la paroisse. Mais j’espère que cette espèce de fièvre épidémique va cesser, mes malades vont mieux. Les habitants sont alarmés, ils font chanter des messes, viennent à confesse. Bonne occasion de les prêcher et de leur jeter des cris sur la tête”.

En mars 1872, une épidémie de vérole dans la région de Montréal fait son apparition dans Chambly; une personne a succombé; trois sont atteintes. (La Minerve: 15 août 1872). Les registres de sépultures inscrivent quelques décès dus à la « picote confluente », variole ou typhus (22 juillet 1872; 8 août 1872; 1er mai 1874; 15 mai 1874; 29 mai 1874; 30 mai 1874; 15 juin 1874; 17 juin 1874, 21 juin 1874, aussi en février, mars et novembre 1875.
(À nouveau le 28 décembre 1875). Les victimes sont enterrées en moins de 24 heures… Deux ou trois enfants de Norbert Berger le 21 juin 1874.

En 1876, trois décès d’enfants par la petite vérole en janvier 1876 (Registre de Saint-Joseph). A Montréal: Petite vérole: 38 catholiques et 1 protestant sont décédés de la petite vérole la semaine dernière (La Minerve; 11-1-1877).

La diphtérie en automne1889 : Jean-Baptiste McCutcheon perd quatre enfants entre le 3 et le 11 octobre 1889. Plusieurs sépultures entre le 14 octobre 1889 et 26 octobre 1889. Une autre menace de variole sévit en 1901. Elle aurait débutée à La Prairie (La Patrie, 11 juin 1901). On relève quatorze cas. (La Patrie, 20, 25 et 29 juin 1901). “On nous apprend que le vapeur “Chambly” est retenu au milieu du fleuve pour être désinfecté. Le cadavre d’un enfant mort de diphtérie a été transporté sans précaution. Le docteur Laberge a obligé les propriétaires à désinfecter le bateau au milieu du fleuve”. (La Patrie, 28 août 1896).

La grippe espagnole, une des grandes tueuses modernes (entre 15 et 100 millions de victimes sur la planète. 15 000 au Québec) arrive chez nous en septembre 1918, voyageant en bateau avec les renforts américains. « Les premiers foyers sont signalés dans les ports de débarquement, notamment à Brest et à Bordeaux. L’expansion est rapidement mondiale, en raison de l’intense trafic maritime.

Sources: Marine Corniou, La grippe espagnole, une grande tueuse, dans Québec Science, 8 septembre 2015. Marcel Rivet, Les épidémies de choléra de 1832 et 1834, dans Les Cahiers de la seigneurie de Chambly, no 17, pages 30 à 40. Archives du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, Lettre du curé Jean-Baptiste Bédard, le 11 janvier 1810, à Mgr l’évêque de Québec. Doc, 1A -25