Un métier très éclairant: L’allumeur de lampes, Pacifique Lafrance

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Mme Suzanne Desfossés illumine de façon éclairante ce personnage d’un métier « hors ligne »: « Qui était ce personnage noctambule qui répandait sa lumière partout où il allait dans sa ville, chaque nuit ? Je l’imagine marchant silencieusement dans chaque rue, afin de ne pas déranger le quotidien de la population. Était-il solitaire ou chef de famille ? Poète à ses heures, peut-être ? Si, par hasard, il surprenait un couple, allumait-il cette lampe ou les laissait-il dans l’ombre afin qu’ils puissent terminer leurs confidences, préférant revenir plus tard pour apporter la lumière ? Il devait sûrement être une personne de devoir, robuste et aimant le bon ordre. Ce métier exigeait qu’il soit réglé comme une horloge. Beau temps, mauvais temps, il devait allumer les lampes afin de sécuriser les allées et venues des gens ».

« Les lampadaires mis en place dans les rues de Québec et de Montréal fonctionnaient à l’huile de baleine, de loup-marin ou de morue », précise Mme Desfossés, qui souligne l’aspect malodorant de telles huiles.

Il a donné de la lumière à Marieville, l’allumeur de lampes, Pacifique Daragon dit Lafrance (1867- ). Ce quatrième des neufs enfants du cultivateur Hyacinthe Daragon et de Flavie Parent, a été baptisé à Sainte-Marie-de-Monnoir le 2 septembre 1867. Pacique Lafrance avait épousé Marie-Louise Alarie. Ce couple fera baptiser une fille sous le prénom de Domillia le 17 septembre 1895. Mais inhumée sous le nom de Hormilia le 14 février 1897.

Pacifique Lafrance signait un contrat (pièce no 2449) pour « l’entretien des lampes de rues », avec la corporation municipale du « village de Marieville », le 3 octobre 1896. « Pacifique s’oblige de prendre le soin à l’allumage durant tout le temps indiqué (d’octobre 1896 au 8 janvier 1897) pour 12 $ par mois pour la dépense probable des allumettes, etc…. Allumer les lampes quand il fera noir jusqu’à dix (10) heures du soir… Il s’engage à tenir les lampes en bon état...”Il devra placer les lampes lui-même… et à l’expiration de son temps d’engagement ou au printemps, il devra les recueillir et les déposer dans le marché. Le comité lui fournira un cheval et une voiture pour placer et déplacer ces lampes… ».

Ressources: Fonds général d’archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Monnoir. Texte extrait d’un document signé Suzanne Desfossés, « Métier d’autrefois: Allumeur de lampes de rue ». Ce texte a paru dans une publication de la Société d’histoire des Quatre-Lieux en novembre 2008

Illustration:  À droite, une lampe de rue, à Marieville, rue Chambly, de la rue St-Joseph vers la rue Ste-Marie. Courtoisie Suzanne Desfossés.