Un instituteur exceptionnel, journaliste et patriote, à Chambly, Pierre Garnot

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Pierre Garnot (1801-1869), professeur au collège de Chambly de 1830 à 1836, jouissait d’une instruction et d’une culture au-dessus des normes habituelles de son époque. Né le 29 juin 1801 à Montréal, décédé en février 1869, M. Garnot prit épouse à Chambly. Il demeure un des très rares instituteurs voués à l’enseignement toute sa vie, sans accéder à des fonctions supérieures, comme inspecteur ou directeur d’écoles. “Garnot offre le spectacle de l’abnégation et du dévouement patriotique”. (Journal de l’Instruction Publique, vol 13, nos 2 à 3, p. 36).

Il épousa l’orpheline Julie-Éléonore Morin, à Chambly le 11 avril 1831. Le contrat de mariage au greffe de René Boileau le 10 avril 1831, le dit “professeur de rhétorique au collège de Chambly“, fils de Jean-Philippe Garnot et de Véronique Gagné. Pierre Moreau, avocat, lui sert de père. Le 6 décembre 1832, Pierre Garnot, fera baptiser Marie-Anne-Eugénie Garnot, qui décédera le 5 septembre 1833. Il est qualifié de “Sieur” Jean-Pierre Garnot et son épouse arbore le titre de “Dame” Julie-Éléonora Morin lors du baptême de Pierre-Antoine-Odilon Garnot à Chambly le 6 novembre 1834. Il agit comme secrétaire lors de la “nombreuse” assemblée patriote du 1er juillet 1832, tenue chez Joseph Arnould près de l’église Saint-Joseph-de-Chambly. Il a été représentant et rédacteur du journal pro-patriote L’Écho du Pays pendant six mois en 1836.

Il avait étudié au collège de Montréal. Il prit la soutane et il devint professeur au même collège pendant sept ans. Il laissa les ordres et étudia le droit pendant deux ans. Puis on le trouve au collège de Chambly entre 1830 et 1836. Au recensement de Chambly en 1831, on le disait “précepteur au collège de Chambly”. Il enseigna ensuite la rhétorique et les belles-lettres au collège de L’Assomption de 1836 à 1844. En 1853, il était professeur à Montréal à l’École du Plateau. Il fonda avec d’autres la réputée Académie commerciale catholique de Montréal, où il enseigna de 1853 à 1869.

M. Garnot fit avec succès les classes de rhétorique et de belles-lettres dans cette belle institution et on voit que lors de l’examen de 1838, les élèves jouèrent un petit drame dû à la plume de M. Garnot. En 1844, il vint se fixer à Montréal, où il continua d’enseigner la rhétorique et le latin à des élèves privés. Ses services comme professeur de français furent tour à tour requis dans diverses institutions anglaises. Il est l’un des fondateurs de l’Académie commerciale catholique de Montréal qu’il regarda comme son oeuvre capitale. Il professa dans cette maison d’éducation depuis son établissement en 1853 jusqu’à sa mort”, soit pendant seize ans.

L’instituteur Garnot, ci-devant professeur au collège de L’Assomptionest maintenant (1844) en cette ville (Montréal). Il se propose de donner des leçons de français. Il pourra aussi enseigner le latin, les belles-lettres et la rhétorique. Il donnait adresse au 358 Lagauchetière à Montréal. Le milieu patriote de l’époque regrettait-elle son manque d’engagement politique ? On a écrit: “C’est un professeur d’expérience, très dévoué à ses élèves aux heures de classe. Mais arrivé à l’âge de quarante ans et marié, il aime son foyer et n’en sort que pour sa tâche de professeur, refusant d’exercer tout autre influence sur les écoliers“. (L’Aurore des Canadas, 20 août 1844, La Minerve, 20 novembre 1860, 16 février 1869; Arthur Dansereau, Annale historique du collège de l’Assomption depuis sa fondation)

“Depuis quelques années, il s’était dévoué à l’enseignement des petits enfants qu’il affectionnait particulièrement. Ce trait fait d’autant plus honneur à sa mémoire que M. Garnot jouissait d’une instruction vraiment supérieure dont il pouvait faire part à des élèves plus en état de l’apprécier”. L’auteur poursuit: “On peut regarder M. Garnot comme l’un des fondateurs des collèges de Chambly et de l’Assomption, puisqu’il y organisa et y établit les cours d’études”. M. Garnot laisse un nom intact. Ses nombreuses connaissances garderont un long souvenir de ses vertus et de ses aimables qualités. (Journal de l’Instruction Publique, vol 13, nos 2 à 3, p. 36). Nous n’avons pas trouvé de portrait ou de tableau de Pierre Garnot.

 

Illustration: Le vapeur “Chambly” au quai de l’Assomption vers 1900. Extrait de Anastase Forget, Histoire du collège de l’Assomption, 1832-1933.