Un hôtel et des hôteliers près de l’entrée du canal de Chambly

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Du côté nord-est du canal de Chambly, allant jusqu’à la rue des Voltigeurs, tout ce vaste terrain vacant était une “terre de la Couronne”, connue autrefois sous le nom de “Banlieue du fort”. Il s’agit du lot 130 tel que délimité au cadastre de Chambly-Canton en 1868. Ce terrain à vocation militaire n’avait connu aucune résidence civile avant le lotissement dressé par l’arpenteur Joseph Rielle, commencé en 1871 et déposé le 14 décembre 1877, si l’on fait exception de l’église St. Stephen et de ses dépendances. L’actuelle rue Caron (nommée en souvenir de l’honorable René-Adolphe-Philippe Caron, ministre de la Milice et de la Défense), fut ouverte selon un plan du 12 décembre 1874, par le maire Godefroi Larocque. Elle sera répartie en treize emplacements.

Le long de l’avenue Bourgogne, les terrains sont vendus par la municipalité de Chambly-Bassin à partir de l’année 1874. Le maire Godefroi Larocque, vend d’abord à Jean-Baptiste Perrault (1819-1877), boucher et hôtelier au Bassinun lot de terre de 62 pieds de front par la profondeur depuis le chemin à péage qui est en front; borné en arrière au bassin de Chambly; borné d’un côté par le terrain du canal et d’autre côté à un terrain appartenant à la corporation du village du Bassinavec une maison dessus, étant une partie du lot no 130. (J. T. Amédée Robert, 1er mai 1874). 

 La veuve Perrault, Amélie Huot (1823-1879), vend ensuite l’établissement à Catherine Piédalue (1851-1926)épouse séparée de biens d’avec Adolphe Chartier (1851-1928). (Amédée Robert, 10 avril 1878, enregistré le 27 juillet 1878, no 15133. Vente pour 2100 $). Catherine Piédalue s’en départira en faveur de Charles Pepin, (1824-1906) boucher. (Amédée Robert, 10 août 1882). Ce dernier le  vendra à son fils, Georges Pepin, aussi boucher, en 1883 (J. Amédée Robert 29 octobre 1883). Il s’agit de  l’hôtel Centralune hôtellerie en bois à deux étages, une boucherie et une écurie, sur un lot de 120 pieds de largeur.

Georges Pepin (1857-1931), boucher, fils de Charles Pepin, boucher, et d’Adèle Huot, épouse Olympe Fortier (1858-1927), fille de Louis-Gonzague Fortier (Forti) et d’Adeline Grisé à Chambly le 28 octobre 1879. De ce couple naitront dix enfants baptisés à Chambly, dont Abias Pepin (1891-1957), ingénieur civil. Georges Pepin épousera en secondes noces Marie-Louise Lajeunesse à l’église de Très-Saint-Coeur-de-Marie le 18 décembre 1929. Elle était veuve de Napoléon Racicot.

Clément Dejordyhôtelier au bassin, fils de Jean-Évangélyde et de Zoé Richard, a épousé Délima Racicot, fille de Toussaint et de Lucie Richard. Au recensement de 1891, il donnait 41 ans; elle avait 27 ans et quatre enfants, William, 8 ans; Alice, 7; Blanche, 5; René 3. Rébecca Dumas, servante, 26 ans. Ils se sont mariés à St-Joseph le18 avril 1882. Clément Chevalier Dejordy, boucher, baille l’hôtel de Georges Pépin, sur le lot 130, borné devant au chemin public, derrière au  bassin; d’un côté au canal; d’autre côté à Charles Harbec, avec une hôtellerie à deux étages (J. T. Amédée Robert, 14 septembre 1885). (Charles-Gédéon Scheffer, 18 octobre 1893; 26 février 1895; 7 avril 1898).

David Pelletier (1852-1926), boucher à Chambly-Bassin. (Charles-Gédéon Scheffer; 2 mars 1896) acquierra en 1901 l’hôtel Central, propriété de Georges Pépinmarchand. (Le Canada Français, 29 mars 1901). Au recensement de 1901, David Pelletier, boucher, 48 ans, né le 5 juin 1852; Sarah Ménard, son épouse, 49 ans, née le 20 juin 1851. Six enfants: Elzéar, 20 ans, né le 1er avril 1880; Rose, 19 ans, née le 18 avril 1881; Wilfrid, 17 ans, né le 26 juin 1883; Édouard, 13 ans, né le 27 septembre 1887, (Cahier SHSC, no 20, page 27) Arthur et Joseph Pelletier.

L’hôtel Central aura connu cinq propriétaires dans un espace de 27 ans. Georges Pepin l’a possédé pendant 18 ans.

Notes: Abias Pepin épousera Juliette Lareau à Chambly le 12 octobre 1915. Cet ingénieur, formé à Polytechnique, va  fonder en 1929 la firme Abias Pepin Limitée, spécialisée dans les travaux de voirie. Résident de Longueuil, il sera aussi concessionnaire d’automobiles, commissaire d’école et président fondateur de la Chambre de Commerce de Longueuil, très impliqué dans les oeuvres de bienfaisance.

Archives de la SHSC, Carte des Assureurs incendie, plan de 1928.

Photographie du haut de page :  L’entrée du canal avec l’établissement hôtelier vers 1905-1910. La photographie expose deux maisons imposantes. L’une, au toit mansardé, est cachée dans les arbres. L’autre au toit blanc est surmonté d’un panneau réclame où l’on distingue à peine les mots “hôtel..?..” Notez à droite de la photo le peuplier qui sera rasé en hiver 2021. Aussi sur la barge rangée près du quai, un cordée de linge qui sèche au vent.

Références: Michel Pratt, Dictionnaire historique de Longueuil, Jacques-Cartier, etc. Société historique du Marigot, 1995, page 369. Gilles R. Pelletier, Les Pelletier à Chambly, dans Les Cahiers de la seigneurie de Chambly, no 20, mai 1995, page 27.