Un corps de Volontaires à Chambly en 1865. Gustave-Adolphe Drolet et la Milice canadienne

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Au tournant des années 1860 à 1870, les parlementaires canadiens décrètent que la Milice canadienne assurera désormais le rôle joué par les troupes britanniques. On précise bien que l’enrôlement sera volontaire et que sa mission sera défensive. Pas d’engagement forcé, ni d’attaques à l’étranger. Seulement le “maintien de la paix” à l’intérieur et aux frontières.

Or, à la frontière américaine, des rebelles irlandais, les Féniens, menacent les établissements britanniques basés au Québec… Il faut donc préparer la défense.

En octobre 1864, on apprend que “toute la force volontaire (la milice) de Saint-Jean part demain matin pour Chambly. L’infanterie doit s’exercer au tir, la cavalerie, aux différentes manœuvres de cette arme. L’infanterie est commandée par le major Marchand. La cavalerie par le capitaine Desrivières. Le tout sous le commandement du major Fletcher. La compagnie du capitaine Cadieux de Saint-Luc doit faire partie de l’excursion. Cette expédition est un « drill » et non un « pic nic », précise le journaliste. (Le Franco Canadien, mardi 4 octobre 1864).

Le 31 janvier 1865, Gustave-Adolphe Drolet (1844-1904) a été nommé “ capitaine de la compagnie no 2, l‘Infanterie Légère du Richelieu” (Franco-Canadien, 31 janvier 1865, p. 2). C’est un avocat et gradué de l’école militaire de Québec. (Franco-Canadien,  31 janvier 1865). Le capitaine Porlier, (probablement Joseph-Alfred Porlier) est aussi de la partie. Notons que Drolet et Porlier sont des petits-cousins, descendants du réputé René Boileau de Chambly.

Au début de janvier 1865, “un premier bataillon de volontaires campait à Chambly“. (Franco-Canadien, 10 janvier 1865, p. 2). À cette occasion, on apprend que le marchand “Joseph Ostiguy et le charretier Louis Saint-Germain ont formé une société, pour six mois, pour nourrir et loger les Volontaires de Gustave Adolphe Drolet, stationnés à Chambly”. (Paul Bertrand, 6 février 1865).

Les Volontaires y séjourneront un mois, “en service actif“. Le 10 février, on les dirigera vers Frelighsburg: “Le capitaine Drolet est arrivé hier matin à St-Jean avec la compagnie de l’Infanterie Légère du Richelieu. Dans l’après-midi, cette compagnie est repartie par les chars de quatre heures pour prendre ses nouveaux quartiers à Lacolle“. (Franco-Canadien, 21 février 1865). Le bataillon reviendra en mai. Et on leur rend hommage: “M. Drolet, commandant la compagnie des Volontaires, le lieutenant M. D. Scheffer, l’enseigne Deland, et la compagnie qui a stationné à Lacolle, ces trois derniers mois, reçoivent les félicitations: Votre compagnie, clame-t-on, a peut-être conservé la paix entre nous et nos voisins, et a préservé notre pays des désagréments dans le genre de ceux occasionnés à St.Albans“. (Franco-Canadien, 2 mai 1865, p. 2). M. D. Scheffer serait vraisemblablement Moïse-Denis Scheffer, baptisé à Chambly le 12 octobre 1831. Il est le frère du notaire Charles-Gédéon Scheffer.

On ignore dans quels bâtiments Joseph Ostiguy aurait logé la brigade. Comme les casernes étaient alors occupées par les militaires de la Royal Canadian Rifles et d’autres troupes, nous croyons que ce détachement aurait pu dresser ses abris d’hiver dans ce qui deviendra le Pine Grove Park. C’est un boisé dont une partie existe encore près de l’aréna Robert-Lebel. Les chercheurs de métal y ont trouvé récemment quantité d’objets, comme  monnaies, boutons, révélant la présence de personnes en armes.

Quant à Gustave-Adolphe Drolet, il s’engagera dans les Zouaves pontificaux en 1867. Marié à Henriette-Éliza Massue en novembre 1868, Il est l’auteur du livre Zouaviana, ouvrage de 604 pages, réédité en 1896. La Société d’histoire de la seigneurie de Chambly possède un rare exemplaire de ce volume.

 

 

 

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