Un bien étrange docteur à Chambly…

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le docteur Jean-François Bossu-Lionais (c1788 ou 1794-1838) descend d’une famille de luthiers de la région de Québec. Il serait le fils de Jean Bossu-Lyonais, arrimeur, et de Marie-Madeleine Paquet.

Il part pour Paris vers 1816, pour compléter ses études médicales; il s’y serait marié avec une française, Joséphine Carlin ou Perrin, tel que l’annoncent les journaux: Mariage le 10 septembre dernier1816 à Beaumé, canton d’Auberton, département de l’Aisne de M. Lionais, canadien, âgé de 22 ans, 8 mois et Marie-Joséphine Carlin, âgée de 22 ans, 4 mois. (Le Canadien, 21 juin 1817. The Gazette of Quebec, 19 juin 1817).

Revenu de France, le “docteur en médecine” (Joseph Demers: 10 septembre 1823; 17 mai 1824), pratique son art à Saint-Nicolas en 1818 et 1819. On le retrouve ensuite à La Prairie vers 1820, puis à Chambly entre 1822 et 1833, avant d’aller demeurer à Saint-Athanase (Iberville), où il est en 1837 engagé dans le mouvement patriote. On lui donnait alors 43 ans. Il s’était “établi en société de médecine, chirurgie et accouchements avec le docteur J. H. Ferrie, médecin de Chambly. Ils avaient mis en société les remèdes d’apothicairerie”. (Paul Bertrand, 15 août 1831). Il aurait habité rue la rue Martel mais aussi sur l’avenue Bourgogne à Chambly-Bassin.

Patriote engagé, Jean-François Bossu-Lionais sera emprisonné à Montréal le 17 novembre 1837. Malade, il parviendra difficilement à obtenir sa libération le 27 avril 1838. Il mourra le 25 mai 1838 à l’Hôtel-Dieu et sera Inhumé à Notre-Dame de Montréal le 28 mai 1838, âgé de 50 ans. (Aegidius Fauteux, Patriotes de 1837-38, p. 306. Le Populaire, mai 1838).

Une étrange inscription nous informe de sa situation matrimoniale douteuse: “Est baptisé à Saint-Joseph le 19 mai 1823, Jean-François Lionais, né le 16, de parents inconnus des États-Unis. Le parrain est Jean-François Lionais, docteur en médecine; la marraine est Marie-Joséphine Carlin-Lionais, lesquels ont adopté le dit enfant et lui ont donné leur nom”. (Registre de St-Joseph, 19 mai 1823). Comme si le curé n’avait pas reconnu la validité du mariage. Nos collaborateurs en France n’ont pas trouvé d’acte de mariage entre Lionais et Joséphine Carlin.Qu’est devenu ce fils du docteur Lionais ?

Quant à Joséphine Carlin, son épouse présumée, elle demeure dans le village de la paroisse de Rivière de La Madeleine. C’est là que le docteur Lionais dicte un premier testament devant le notaire Edme Henry: “Il n’a rien de plus cher que Marie-Joséphine Carlin, à qui il lègue tous ses biens mobiliers et immobiliers. Le testament est fait dans la chambre ouest de la maison où il réside, rue de L’Ange-Gardien” (Edme Henry, 23 octobre 1820). Dans un second testament en 1825, Jean-François Bossu-Lionais “lègue ses biens à Marie-Joséphine Carlin, à Marie Hail et aux pauvres de la paroisse de Chambly, chacun séparés en trois parts égales. L’exécuteur testamentaire est Jean-Baptiste Lareau et Guillaume Larocque; fait en présence de Nicolas-François Arnould, tailleur, et Paul Milliard, aubergiste” (Joseph Demers, 1 septembre 1825). Cette Marie Hail, baille une petite maison et emplacement sur la Petite Rivière de Montréal vers le 17 mars 1825″. Qui est cette Marie Hail dans l’entourage du docteur Lionais ?

Dans un troisième testament en 1827, -et pour ajouter plus de confusion- Jean-François Bossu-Lionais “lègue au docteur Timothée Kimber, en récompense des services d’amitié rendus, sa montre en or; à M. Consigny, curé de St-Mathias, son fusil à percussion; à Joseph McCabe, docteur, ses hardes de corps; à Guillaume Larocque, fils de Guillaume, son filleux (sic), son horloge et une terre dans la seigneurie de Monnoir; tout le reste, il le donne à Marie-Élisabeth Caroline, fille naturelle de Marie Hail avec le dit testateur, sa légataire universelle”.

Il rédige un quatrième testament en 1832, où il “lègue au Dr Joseph Surveyer, médecin de Chambly, toutes les dettes (créances) qui lui sont dues comme médecin. Il lègue à Louis Davignon, étudiant en médecine sa montre d’or; il lègue à Thomas Reynolds, Irlandais engagé chez le testateur, 25 livres. Le surplus de tous ses biens, meubles, immeubles et il les laisse à Marie-Élisabeth Carolin, enfant naturel. Son exécuteur testamentaire est Louis Gareau”. (Paul Bertrand, 18 juin 1832). En septembre 1832, il laissait tout à la veuve de Paul Milliard (Joseph Porlier, 7 septembre 1832).Qu’est devenue cette Élisabeth Carolin ?

Le document annonce une vente par le shérif d’un (de deux) emplacement et d’une maison ayant appartenu au docteur Lionais.

La maison en illustration autrefois située au 1596 Bourgogne, aujourd’hui déménagée sur la rue Lafontaine. Nous pensons que le docteur Lionais a habité dans cette maison de Chambly.