Tutelle à Chambly : La CMQ explique sa démarche aux citoyens

CHAMBLY – Rencontre fort instructive que celle qui s’est déroulée hier soir au centre des aînés de Chambly alors que les tuteurs de la Commission municipale du Québec y ont préciser leur mandat. La rencontre était retransmise en direct via la Télévision de la Vallée-du-Richelieu basée à Beloeil. (TVR9).

C’est avec une oreille bienveillante que Me Denis Michaud a entendu les doléances des citoyens venus s’exprimer en grand nombre. Plusieurs des citoyens qui ont pris la parole, ont fait part de certaines craintes. En ouverture de soirée, Me Michaud a tenu à préciser que la Commission n’était pas à Chambly pour mener un débat sur des décisions politiques déjà prises par le conseil municipal. Ces questions auront peu d’impacts sur le travail de la Commission.

« La CMQ ne peut pas annuler ces décisions. Il y a des tribunaux pour cela. Notre rôle est relativement limité par rapport à ces questions. Nous ne sommes pas ici pour arbitrer des débats politiques, mais pour faciliter et mettre les conditions en place afin de permettre aux gens de ne pas se faire intimider et harceler, et pour collaborer de bonne foi aux enquêtes en court menées par la CMQ et l’UPAC notamment», a expliqué Me Michaud. « Vous comprendrez que nous sommes essentiellement ici pour préserver l’intégrité de ce qui se passe. Nous sommes particulièrement attentifs aux gens qui viennent nous voir et qui se disent victimes d’intimidation. Ç’a été important de nommer un nouveau directeur général au-dessus de toute cette organisation-là. Parce que cette nomination nous assure une forme d’objectivité et la confiance du public envers l’administration municipale; parce qu’on pense qu’elle a été écorchée à tort ou à raison; parce que nous avons recueilli beaucoup de témoignages de personnes qui nous ont fait part de comportements qui ont été intimidants à leur égard.»

Parmi les craintes exprimées, celle de l’après tutelle a été évoquée. « Comment s’assurer qu’il n’y aura pas de représailles suite à votre départ de la Ville ? Quel mécanisme de protection aurons-nous une fois que vous serez parti ? », a lancé un citoyen.

« Il y a quelque chose que l’on appelle un tribunal populaire qui siège aux quatre ans. La population de Chambly est apte à choisir ses dirigeants. C’est à vous à un moment donné à faire un choix sur les personnes qui vont prendre la direction de l’administration de votre ville. La Commission ne peut pas vous donner une assurance garantie sur la pérennité des mécanismes que nous allons mettre en place et des décisions que nous allons prendre. Le pouvoir de destituer un élu est un pouvoir qui découle des tribunaux judiciaires. Parce qu’un élu tire son mandat de la population, et seulement la population peut le lui enlever lors des élections générales ou encore un juge de la Cour Supérieure si la personne a eu un comportement illégal, inapproprié qui contrevient à des dispositions de la loi», a expliqué Me Michaud.

Retour sur les cartes de crédit

Dans son travail à Chambly, la CMQ fait des vérifications aux niveaux financiers. Tous les chèques et les effets bancaires qui sortent des comptes de la Ville, font l’objet d’une autorisations de la CMQ qui signent manuellement tous les chèques qui sont émis par la Ville de Chambly. Au sujet de l’utilisation inappropriée des cartes de crédit par des hauts fonctionnaires, Me Denis Michaud a précisé ce que la Commission avait découvert en épluchant les comptes de dépenses des élus.

« Les montants ne sont pas insignifiants. En 2016, 2017 et 2018, sur trois cartes de crédit, il y a eu des dépenses personnelles qui doivent faire l’objet d’une justification et qui totalisent 29, 251 $. On met ici les choses au clair. Ces personnes ne sont pas des criminels. On parle de trois personnes qui étaient peut-être de bonne foi. Mais elles n’ont pas utilisé la bonne façon d’engager les sommes d’argent que va défrayer la municipalité», mentionne Me Michaud.

Sur l’utilisation d’une carte de crédit pour payer de l’essence lors d’un voyage au Nouveau-Brunswick, le maire Denis Lavoie a rencontré les tuteurs pour leur expliquer qu’il avait fait une erreur et s’était trompé de carte en effectuant la transaction. M. Lavoie a d’ailleurs remboursé cette dépense de sa poche, au lendemain de son dévoilement public.

«Qu’on croit ou non le maire, ça ne veux pas dire que M. Lavoie a voulu voler la Ville. Ce que ça démontre, c’est que les contrôles sont insuffisants. Il faut corriger le tir», conclut Me Michaud, qui a réitéré que la CMQ restera à Chambly aussi longtemps que la situation le commandera.