Stratégie nationale de production de bois : Les producteurs acéricoles inquiets

LONGUEUIL – Depuis le dévoilement de la Stratégie nationale de production de bois présentée en décembre dernier par le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) multiplient les actions pour limiter les impacts de celle-ci sur les érablières en terres publiques et l’économie du sirop d’érable. Les premières coupes débutant à l’automne 2021, les PPAQ pressent le gouvernement d’apporter les changements réclamés dans les plus brefs délais.

Selon Serge Beaulieu, président des PPAQ, « la Stratégie du MFFP met non seulement en péril le développement acéricole du Québec, mais également l’avenir de nos forêts en priorisant la récolte de tous les arbres dont le diamètre excède 44 cm pour apporter du bois aux usines de sciage. Si les pratiques sylvicoles mises de l’avant demeurent inchangées, il faudra attendre entre 40 et 60 ans avant de pouvoir entailler les érables qui auront été coupés. »

 C’est pourquoi les PPAQ demandent au MFFP de privilégier une gestion intelligente et durable de nos forêts afin de maintenir le potentiel acéricole et ainsi répondre à la demande croissante d’un marché mondial en pleine expansion. À l’heure actuelle, le gouvernement réserve seulement 30 000 hectares à l’acériculture sur les terres publiques, bien loin des 200 000 hectares nécessaires au déploiement du plan prévu par les PPAQ.

Le MFFP doit revoir son approche sylvicole L’acériculture et la sylviculture ne sont pas incompatibles, au contraire. Ce que prônent les PPAQ, ce sont de meilleures pratiques qui seraient gagnantes pour tous. Il faut effectuer une récolte durable des arbres dans les érablières afin de conserver le potentiel acéricole de ces forêts qui, dans 30 ou 40 ans, pourraient à nouveau être propices à l’aménagement à des fins acéricoles.

La planification, la réalisation des travaux sylvicoles et la mise en marché du bois doivent être confiées aux acériculteurs. Les bois ainsi récoltés, payés à leur juste valeur, seraient ensuite acheminés auprès des industriels forestiers régionaux. De cette façon, l’industrie forestière ne subirait pas les contrecoups de ces nouvelles pratiques sylvicoles. En fait, cette pratique serait bénéfique puisque les forestières n’auraient pas à défrayer de coûts pour ces récoltes et conserveraient les revenus découlant de la vente du bois.

Le cas du chantier Désiré : pas le seul dans cette situation Une visite sur le chantier Désiré, dans les Hautes-Laurentides, a permis aux PPAQ de constater l’impact majeur qu’aura la Stratégie nationale de production de bois sur le patrimoine forestier et l’industrie acéricole québécoise. Une vidéo tournée sur les lieux et des fiches résumés disponibles sur le site Web des PPAQ illustrent d’ailleurs les différents enjeux et solutions proposés. Le cas du chantier Désiré n’est pas unique. Il existe d’autres situations similaires qui mettent en péril le développement de l’acériculture dans différentes régions acéricoles du Québec, telles que Lanaudière, Outaouais-Laurentides, Estrie, Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, Mauricie, Appalaches-Beauce[1]Lotbinière, Beauce, Côte-du-Sud et Québec–Rive-Nord.

Au Québec, près de 20 % des entailles (Statistiques acéricoles 2020, p. 14 et 15) sont installées sur des érables en terres publiques, un bien commun administré par le gouvernement. Les PPAQ réitèrent leur demande au MFFP : le type de coupe envisagé ne doit pas se faire, ni au chantier Désiré, ni ailleurs au Québec. L’avenir de l’acériculture et des entreprises qui en découlent est en péril. Il y a urgence d’agir.

À propos des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) et de la marque Érable du Québec

Les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) représentent les intérêts de 11 300 acériculteurs et acéricultrices qui produisent avec fierté le sirop d’érable, produit emblématique de la culture québécoise. En investissant dans la recherche, l’innovation, le développement des marchés et la promotion, ils ont pour mission de développer le plein potentiel de production et de vente des produits d’érable du Québec, ici et à l’international. Le Québec assure en moyenne 72 % de la production mondiale de sirop d’érable, permettant à une soixantaine de pays d’apprécier ce produit écologique et de source renouvelable au goût unique. ppaq.ca – @AcericoleQc