Richelieu inaugure sa nouvelle caserne : un peu d’histoire

Un reportage préparé par Huguette Archambault et Raynald Cornellier, en collaboration avec Ange-Aimé Villeneuve

RICHELIEU – Il y a déjà plus de 100 ans que la protection contre les incendies fait partie des priorités des Richelois.

UN HANGAR POUR LE SÉCHOIR À BOYAUX

Au début des années 1900, le conseil municipal du village se préoccupe de l’implantation d’un aqueduc et de l’installation de bornes-fontaines. Le premier château d’eau en bois d’une capacité de 40 000 gallons est construit afin de desservir toutes les résidences. Le réservoir doit être rempli chaque jour et offrir une pression de 100 livres en cas de feu.

Il existe un service rudimentaire de protection contre les feux. Dans les archives du mois d’octobre 1906 de la Ville, on peut lire ce qui suit : « Les Forestiers catholiques donnent la permission de construire sur leur terrain une bâtisse de 12 par [sic] 15 pieds pour suspendre les boyaux d’incendie. Le loyer est d’un dollar par année. » Le terrain est situé sur la 2e Rue, à peu près vis-à-vis de l’hôtel de ville actuel.

L’organisation de ce service essentiel se fait progressivement. Le 9 mai 1908, après avoir examiné le catalogue de la compagnie Canadian Fire Hoses, le conseil demande à Pierre Loiselle de fabriquer un reel pour enrouler 500 pieds de boyaux. À la même période, Armand Trudeau est mandaté pour la construction d’un hangar de 12 pieds sur 20 pieds pour remiser le dévidoir.

Les balbutiements d’un service de protection contre les incendies remontent à 1910. Le conseil demande alors à Alphonse Bérard de s’occuper des boyaux pour qu’ils soient bien placés sur les dévidoirs, de choisir six hommes, de les exercer pour les feux, de fabriquer un brancard pour faire sécher les boyaux et d’acheter deux fanaux pour les dévidoirs. Il est décidé que 25 centimes par heure seront payés aux hommes qui travailleront avec M. Bérard.

Un premier règlement concernant les précautions à prendre pour utiliser et transporter le feu et certaines normes de construction est adopté en 1918, pendant le mandat d’Albéric Trudeau.

Le bâtiment construit en 1928, dont la façade donne sur la 2e Rue. Collection : Famille Beauregard

LA STATION DE FEU

Achat du terrain

En 1927, la Corporation municipale, qui ne possède pas encore de terrain, reçoit une offre de Phillias Lussier. Il s’agit d’un lot situé à l’angle des rues Yule (2e Rue) et du Pont (boulevard Richelieu). Le maire Henri-Pascal Panet conclut l’achat pour un montant de 1200 $. L’inspecteur est autorisé à transporter la bâtisse du département de feu sur le terrain municipal et à y faire les réparations nécessaires.

Construction

L’année 1928 est décisive. Le conseil projette de construire une caserne de pompiers et un bureau pour le secrétaire-trésorier. Le contrat de 6500 $ est accordé à Albini Lacroix, selon les plans et devis préparés par l’architecte Albert Bernier. Cette décision est justifiée par le désir de protéger le village, d’assurer le séchage des boyaux, mais surtout par la nécessité de mieux s’équiper :

Vu que notre département des incendies ne possède pas la voiture et le matériel ou outillage, tels que [sic] échelles, extincteurs chimiques, habits de caoutchouc et autres choses indispensables à tout département bien organisé. Vu que le système actuel est reconnu insuffisant et qu’il est prudent de ne pas attendre que la municipalité subisse un désastre…

Organisation du Département des incendies

En septembre 1928, le conseil décide d’acheter pour la somme de 750 $ des équipements usagés en bon état, inspectés par le maire et quatre de ses conseillers, et remisés à la Station no 1, à Westmount :

  • un express;
  • une voiture d’hiver;
  • deux attelages doubles;
  • deux paires de ressorts pour plafond;
  • deux paires de supports pour harnais;
  • deux gaffes (pike poles).

L’inspecteur est autorisé à réparer et à poser en lettres d’or le mot RICHELIEU sur les deux voitures. Ensuite, on annonce la nomination des membres du Service des incendies : Horace Archambault – chef; Pierre Ostiguy – sous-chef; Phillias Lussier – capitaine; Exibias Barré – lieutenant; Horace Loiselle et Joseph Larose – pompiers.

En 1932, le salaire des pompiers volontaires est de 3 $ par alarme et de 1 $ pour une fausse alarme.

Un camion Chevrolet sur lequel est montée une pompe centrifuge à double jet, acheté en 1938. Photo : Claude Colpron

Service amélioré

En 1941, les conseillers décident de mieux équiper leurs pompiers. Ils achètent quatre uniformes, dont des bottes et un casque blancs pour le chef Paul Héneault, des ceintures, des masques à gaz et des lanternes.

En décembre, une entente est signée avec Chambly-Canton pour s’entraider lors des incendies. En 1944, une convention avec le conseil de la campagne mentionne que le tarif lors d’un incendie est de 50 $/heure, et de 25 $/heure pour une fausse alarme.

Pour une plus grande efficacité, le secrétaire est autorisé à demander à la compagnie Bell un téléphone pour le chef des pompiers Paul Héneault.

UN NOUVEL HÔTEL DE VILLE

En 1955, la voirie provinciale exproprie l’édifice de la station des pompiers afin d’élargir ce qui deviendra le boulevard Richelieu, à la suite de la construction d’un nouveau pont. La démolition est effectuée au mois de novembre 1955. La Commission municipale de Québec accorde à la municipalité tous les moyens nécessaires pour commencer la construction de son nouvel édifice.

La préparation des plans et devis est confiée à M. Dubois, de la firme L.O.Noël. L’édifice projeté au coût de 57 000 $ comprendra une station pour pompe à incendie, le bureau du secrétaire-trésorier, la salle du conseil, un local pour le bureau de poste et un logement qui sera loué au responsable de la voirie. La construction commence à l’automne 1957 et s’étend sur une période de sept mois.

À l’automne 1958, grâce à Denys Provost qui est nommé chef instructeur, un service des incendies restructuré est aménagé dans le garage municipal et partage les espaces avec la voirie. Sur le toit plat se trouve la sirène du Service des incendies, qui est actionnée tous les jours à midi, afin de s’assurer de son bon fonctionnement.

 

L’hôtel de ville entre 1958 et 1967. Photo : Claude Colpron

UNE CASERNE INDÉPENDANTE

En 1967, le projet pour construire une caserne indépendante de l’hôtel de ville est approuvé. Les travaux évalués à 36 000 $ pour ajouter deux portes à l’édifice municipal commencent. La caserne est inaugurée par le maire André Gaudreau.

Le conseil fait l’acquisition d’un nouveau camion-citerne très performant de 3200 gallons. L’équipement comprend une grosse pompe, trois pompes portatives, des échelles de différentes longueurs, des boyaux, des lances et un canon.

À partir de septembre 1966, un système d’alarme est installé et relié à la résidence de Dolor Beaudry. Cette dernière reçoit les appels à toutes heures du jour ou de la nuit jusqu’en 1972. Goldie Malko prend la relève jusqu’en 1976, puis c’est Daniella Bérard qui jouera ce rôle jusqu’en 1979, alors qu’un nouveau système de communication sera mis en place

Un camion Ford acheté en 1967. Photos : Claude Colpron

En 1992, lorsqu’un nouveau garage municipal est construit près du chemin des Patriotes, le conseil procède à la rénovation de l’hôtel de ville. Le rez-de-chaussée est entièrement libéré pour accueillir le Service des incendies.

L’hôtel de ville agrandi en 1966 et rénové au début des années 1990. Photo : Claude Colpron

LA FORMATION ET L’ÉQUIPEMENT

Donnée par la Sécurité civile, la formation de base acquise par les responsables du Service des incendies est transmise aux pompiers volontaires toutes les semaines. Ils apprennent alors à manœuvrer l’équipement, à enrouler les boyaux, à les raccorder aux bornes-fontaines. L’équipement, soit un imperméable, des bottes et un chapeau, sert davantage à protéger les pompiers de l’eau que du feu.

Soulignons que la formation actuelle permet de comprendre la propagation du feu et d’aborder un incendie de façon sécuritaire. On s’assure d’avoir le nombre de pompiers requis par la situation et d’établir des mesures de protection. L’équipement plus lourd et plus chaud protège efficacement les pompiers.

Un camion Volkswagen transformé en camion d’urgence, dont le panier sur le toit sert de civière. Photos : Claude Colpron

LES MANDATS ET DÉFIS

Au fil du temps, le rôle des pompiers s’est grandement diversifié. L’amélioration des normes de construction ainsi que l’abandon du chauffage au bois ont permis de diminuer de façon considérable les incendies.

L’installation de détecteurs de fumée dans toutes les résidences, les campagnes de sensibilisation et les inspections plus courantes du Service de protection des incendies ont également contribué à la diminution des feux.

Au cours des années 1970, les pompiers pouvaient intervenir deux à trois fois par jour pour des sauvetages dans la rivière. Inconscients des dangers, des non-résidents (pour la plupart) étaient emportés par les tourbillons causés par les résidus des barrages hydroélectriques. Hydro-Québec a sécurisé depuis ses structures, si bien que peu de noyades ont lieu à ce jour.

En revanche, lorsqu’un accident de la route se produisait, on devait auparavant faire appel au Service des incendies de Chambly pour utiliser les pinces de désincarcération. L’achat de cet équipement dans les années 1980 a permis d’augmenter l’autonomie de la Ville. Les pompiers ont eux-mêmes transformé la pince à gaz usagée en pince électrique.

Leur présence lors de la crise du verglas en 1998 a également été d’un grand secours pour la population. Encore aujourd’hui, nos pompiers continuent de travailler sans relâche à la sécurité de tous les Richelois. En 2020, l’inauguration d’une nouvelle caserne avec cinq véhicules et une équipe de 20 à 30 pompiers assurent à la Ville de Richelieu un service exceptionnel.

Pour revoir la visite guidée de la nouvelle caserne avec l’humoriste Philippe Laprise, copiez ce lien :

https://www.facebook.com/watch/?v=2881557068759411