René Fournier, le gentleman acériculteur !

 André Corbeij

CARIGNAN – Petite virée fort sympathique et instructive que celle effectuée récemment par votre humble serviteur du côté de l’Île Demers, à Carignan, pour aller prendre des nouvelles de l’ancien maire de Carignan, René Fournier.

En cette saison des sucres, «exceptionnelle» aux dires des experts, l’occasion a fait le larron, puisque M. Fournier fabrique du sirop d’érable chez lui, dans sa petite cabane située dans la cour arrière de sa propriété, depuis une bonne quinzaine d’années.

On a jasé de tout. Des jours paisibles qu’il coule à l’ombre des immenses érables entaillés sur son terrain, à la politique.

«J’avais des dossiers prioritaires que je voulais régler et que j’ai réglés : l’île au foin, le plan de protection pour les milieux humides; amener des commerces à Carignan; la création d’un belvédère pour avoir accès à un magnifique bassin d’eau à l’île Goyer. Je dois saluer le travail de madame Lorraine Moquin dans ce dossier. On a fait un peu de ménage dans la ville. On a corrigé des choses. Nous sommes allés chercher un directeur général à la hauteur. Si c’était à refaire, je ne changerais rien. Lorsque j’ai félicité mon successeur aux dernières élections pour sa victoire, je lui ai dit ce que mon père m’a déjà dit : mon fils, marche dans mes traces, mais essaie d’aller plus loin, si tu t’en sens capable», mentionne M. Fournier au sujet de son mandat à la mairie.

Nouvelle vie

2018 est une année exceptionnelle pour les sucres. Les planètes étaient bien alignées avec des nuits froides suivies de journées qui le sont moins et qui permettent à l’eau de couler à flots dans les chaudières.

René Fournier avoue avoir travaillé très fort cette année pour transformer l’eau d’érable en sirop.

«Je dois faire chauffer l’évaporateur au bois presque 15 heures par jour. J’ai commencé à récolter l’eau d’érable à la fin du mois de février et ça n’a pas arrêté depuis. Les conditions étaient parfaites», lance celui qui a été libraire et concessionnaire automobile avant de prendre sa retraite et faire de la politique pendant trois mandats.

Sa passion pour l’acériculture en amateur a débuté voilà 15 ans. Un de ses voisins, M. Gemme, avait un évaporateur avec lequel il transformait l’eau d’érable en sirop.

«J’ai acheté l’alambic à M. Gemme qui commençait à prendre de l’âge et qui voulait vendre tout son équipement. J’ai tout acheté sur-le-champ à certaines conditions : qu’il me montre comment faire fonctionner son alambic chez lui pendant une saison avant de déménager l’équipement chez moi», raconte M. Fournier.

Depuis 15 ans donc, René Fournier entaille les érables de ses voisins sur l’Île Goyer et à Chambly et leur fabrique du sirop d’érable. On comprend pourquoi certains l’appellent «l’or blond». Car il faut 40 gallons d’eau pour fabriquer un seul gallon de sirop d’érable!

«Les gens ont toujours hâte de me voir arriver. Car c’est moi qui leur annonce le printemps», blague M. Fournier. «Cette année, la saison a été extraordinaire. Notre microclimat favorise la coulée de l’eau des érables à sucre. Le cycle gel et dégel a été parfait cette année», conclut M. Fournier.

Photographies : André Corbeij ©