Qui était Marguerite Sabatté, de Chambly ?

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Une grande dame d’une générosité exemplaire. C’est la fille du boucher et cultivateur Jean-Baptiste Sabatté et de Marguerite Delorme. Elle avait épousé le marchand, député et colonel de milice, Joseph Bresse dit Lajeunesse (1769-1836), le 19 septembre 1796 à l’église Saint-Joseph-de-Chambly.  (René Boileau, 5 novembre 1804, 15 février 1809). Marguerite Sabatté (1777-1858) sera inhumée à l’âge de 80 ans et 9 mois, à Saint-Joseph-de-Chambly le 18 octobre 1858. Elle était demeurée veuve pendant 22 ans, et sans enfants héritiers.

Clémence et Agathe Sabatté, les soeurs de Marguerite, semblent demeurer chez Joseph Bresse. Dans son testament, ce marchand prospère, qui n’a pas d’enfants, “lègue tous ses biens mobiliers à Marguerite Sabatté, son épouse, et les biens immobiliers en usufruit à Marguerite. Si elle décède, les biens iront à Clémence; si cette dernière décède, à Agathe. Si cette dernière décède, à Noël Lareau, son neveu… Il fait un don de cinquante livres au curé Mignault et des dons aux pauvres des paroisses de Saint-Joseph, Saint-Mathias et Sainte-Marie. (Notaire Thomas Bédouin, 30 août 1833; notaire Basile Larocque, 22 septembre 1836).

Marguerite, qui dispose d’une certaine fortune, fait des prêts avantageux. Ainsi des obligations: Des créances de 1 700 livres (cours actuel) dues par Pierre Beaubien, médecin, à raison de 6% par an. (Alexis Mercille, 12 janvier 1853); de 2 500 livres (cours actuel) de Charles S. Rodier, avocat de Montréal. (Mercille, 17 mai 1853); à la fabrique Saint-Joseph 200 livres en deux obligations. (Mercille, 12 mai 1853). Eusèbe-Hyacinthe Fréchette lui doit 1 000 livres. (Alexis Mercille, 12 janvier 1853).

La veuve Marguerite Sabatté acheta le terrain où est le centre administratif municipal, l’ancien couvent des Dames de la Congrégation de Notre-Dame à l’adresse, 56, rue Martel : “Soit un lot de forme irrégulière de la terre no 13 appartenant à la famille Porlier, situé entre la propriété de John Watts et la terre de Joseph Bresse”. (Joseph-Augustin Labadie, 4 juin 1853). De plus, dans un codicille testamentaire, Marguerite Sabatté lèguera 1 000 livres (cours actuel) pour un terrain et un couvent à Chambly (Alexis Mercille, 7 décembre 1853).

Alors que Marguerite lègue le terrain du couvent aux Dames de la Congrégation de Notre-Dame, Clémence, sa soeur célibataire, donnera aux Soeurs Grises la maison de pierre et le terrain familial pour y établir ce qui deviendra l’hospice Saint-Joseph (Cahiers de la Seigneurie, no 11, p. 18). Clémence (1791-1868) décèdera célibataire. Enfin, Agathe qui, suite à un enlèvement par un officier du fort de Chambly, avait épousé son ravisseur, Jonathan McGee, lieutenant d’artillerie, le 30 janvier 1810, sera inhumée dans le cimetière de la paroisse Saint-Joseph, le 27 février 1850, âgée de 57 ans.

La personne anonyme figurant sur le tableau ci-joint pourrait être Marguerite Sabatté, mécène de Chambly. On ignore l’auteur de la peinture, mais la photographie à partir de laquelle on a esquissé les traits de cette dame proviendrait du photographe de Chambly Charles Dion. Une inscription à l’endos du cadre lui attribuerait la paternité.  La représentation “pourrait” dater d’environ 1853-55 (?). Charles Dion aurait alors 27 ans et Marguerite 76 ans. Celle-ci avait les moyens financiers de se faire peindre. Mais par qui ?

Sources. Archives des Dames de la Congrégation de Notre-Dame. Gracieuseté de Marie-Josée Morin, archiviste.