Qu’est-il advenu de la manufacture de cierges de Saint-Luc ?

Paul-Henri Hudon

HISTOIREAuguste-Francis Collette (1833-1887), qu’on qualifie “d’artisan” et “d’ouvrier de cire” (!), marié à Léocadie Dubuc, avait mis sur pied une manufacture domestique de cierges à Saint-Luc. La presse du temps en fait l’éloge:

Depuis plusieurs années, cette manufacture est avantageusement connue du commerce et du clergé. M. Auguste-Francis Collette se fait un devoir de se soumettre aux ordonnances de N S. les évêques en ne mettant en vente que des cierges tels qu’exigés par l’Ordinaire. M. Collette est un apiculteur distingué et propriétaire d’un immense rucher, comprenant au-delà de 1200 ruches. Cet homme industrieux et intelligent a réussi d’une manière admirable dans cette spécialité et les jurés des expositions de 1871-72-73 lui ont rendu un hommage bien mérité en lui décernant trois premiers prix”.

Je soussigné,… confirme que M. Collette emploie dans la confection de ses cierges de la cire d’abeilles et non la cire végétale. De plus, je certifie que M. Collette a en sa possession plus de 12 000 livres de cire vierge prête à être blanchie et 6 000 livres qui le sont. (La Minerve, lundi 23 mai 1881).

Annonce : “M. H. Collette (1867-1888) de St-Luc, comté de St-Jean, attire respectueusement l’attention de MM les curés ainsi que des communautés religieuses sur la qualité de ses cierges, faits avec la cire de 1200 ruches d’abeilles qu’il cultive lui-même. Les proportions des cierges sont celles requises par l’autorité ecclésiastique”. (Le Sud, mercredi 4 avril 1888, page 3). Or, l’industriel décède le 6 juillet 1887, âgé de 54 ans et 6 mois. Un an plus tard, son fils unique disparait aussi en juillet 1888:

“Le fils héritier, Henri Collette, se noie à Chambly, 21 ans, 4 mois, dimanche le 22 juillet 1888. Étant allé à la messe à Chambly avec deux amis de Montréal; tous trois partirent dans l’après-midi en chaloupe pour se rendre sur une île et y faire la pêche. À peu de distance de l’île, Collette se leva dans la chaloupe dont il rompit l’équilibre. la chaloupe chavira et le jeune Collette se noya. Ses deux compagnons ont pu se sauver en se cramponnant à la chaloupe. Le jeune Collette continuait à Saint-Luc le commerce de son défunt père et faisait de bonnes affaires. Il était fils unique et laisse une mère éplorée. Son cadavre n’a pas encore été trouvé”. (La Minerve, 24 juillet 1888).

La manufacture artisanale aurait-elle été continuée par un employé ? Alfred Ulric, 18 ans, est dit fabricant de cierges (Recensement de Chambly en 1881, no 67). Si le marché des églises a diminué, l’usage des cierges, bougies et lampions n’a pas diminué, ne serait-ce que dans les restaurants.