Que d’eau en mars 1936 ! Que de glace !! Mais pas de réchauffement climatique !!!

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le printemps de l’année 1936 aurait-il été le plus catastrophique de tous les temps quant aux inondations ? Nous sommes tentés de dire oui, tant la presse de l’époque évoque des désastres, d’une ampleur continentale ! “On n’a jamais vu de situation aussi inquiétante” écrit le reporter. “La rivière Gentilly a monté soudainement de onze pieds, alors que les glaces se mettaient en mouvement avec un bruit épouvantable qui jeta la stupeur dans la région”. La route de Granby est sous l’eau. Le chemin menant de Saint-Mathias à Saint-Hilaire est impraticable, sauf en canot.

Un printemps hâtif a soulevé les glaces encore consistantes et massives. Accompagné de pluies et d’un vent chaud, ces dégels ont créé des situations sans précédent selon les annales de la Voirie. Les amas de glace provoquent des bouchons, des embâcles. Ou bien ces “iceberg” se déversent sur les rives, sur les chemins, brisant les maisons, arrachant les clôtures et les lignes électriques, déplaçant les ponts (comme le grand pont de fer et d’acier de Fredericton, (le 24 mars, page 15), et deux autres ponts sur la rivière St-François. Cent familles sont évacuées à Sherbrooke, où tout le quartier sud de cette ville est inondé. Baie-St-Paul est noyé par le frasil du fleuve. En face de Trois-Rivières, l’eau a monté de cinq pieds et demi en l’espace de 18 heures. À Châteauguay, “l’eau s’est étendue sur les rues et compte jusqu’à 8 à 10 pieds de hauteur”.

Du 25 mars jusqu’en avril, les journaux font état de centaines de catastrophes en Nouvelle-Angleterre, les villes de Hartford, Manchester, Buffalo, Pittsburgh, entre autres sont effroyablement ravagées par les eaux glacées. Les rivières Merrimac, Ohio et Connecticut se déversent dans les villages, les villes, les champs. Bref, le nord-est de l’Amérique est sous l’eau !

Mais à cette époque, on n’invoque pas “El Nino”, ni le “réchauffement climatique”. C’est la fatalité de la météo, comme “act of God”.

 

Source: Les journaux de l’époque, particulièrement La Patrie, à partir du 20 mars 1936 jusqu’au début d’avril. Particulièrement les éditions du vendredi, 20 mars 1936, pages 1, 3, 5 et autres, où on fait état des municipalités envahies par les eaux dans la région montréalaise, et à Chambly (page 3), le 22 mars à St-Hyacinthe, le 24 mars à Châteauguay.

Photographie du haut : Archives de la SHSC. Inondations à Chambly dans le parc du fort en 1988.