«Quatre trente sous pour une piastre!»

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Qui n’a pas entendu cette expression paradoxale qui nous est parvenue de nos ancêtres ? La locution est devenue synonyme de “pareil au même”, comme “blanc bonnet, bonnet blanc”. Changer quatre trente sous pour une piastre !!!

Mais à l’origine l’expression établissait un équivalent monétaire entre la monnaie d’ancien régime et le nouveau dollar. Le sou (le sol, comme l’écrivaient les notaires), selon la monnaie d’ancien régime, se calculait en combinaison de deniers et de livres.

Il fallait 12 deniers pour faire un sou (sol). Il fallait 20 sous pour faire une livre. Trente sous valait donc 1½ livre. Il en était ainsi pour la livre sterling, “lesterlin, et le “chelin” d’Angleterre.

Quand le gouvernement du Canada-Uni adopte le dollar comme monnaie canadienne, en 1858, on a établi que ce dollar équivaudrait à 120 livres de monnaie ancienne, ou quatre trente sous. Cette équivalence fut fixée ainsi pour égaliser le taux avec le dollar américain (l’aigle), pour éviter la fuite de capitaux vers les États-Unis. “Rappelle-toé, Baptiste, ta piastre vaut trente sous”.

Revenant à notre piastre, il est intéressant de savoir que le mot “piastra” provient de la langue italienne, mais que c’est une monnaie espagnole. Ce fut une des grandes monnaies universelles, comme le florin, le dinar, le besant qui ont circulé de l’Orient à l’Occident.

La piastre a pénétré en Nouvelle-France par le commerce colonial. Cette monnaie s’est étendue à travers le monde jusqu’à l’Extrême Orient. On la retrouve en Syrie, au Liban, et jusqu’en Indochine française.

Les illustrations ci-haut proviennent d’Internet. Notez qu’en Égypte on a imprimé en anglais “Twenty Five” et en français “Piastres”, sur le papier monnaie local !