Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Pendant des siècles, la corde à linge a été l’un des outils le plus utilisé par la femme de maison. La lessive du lundi s’annonçait à toutes les chaumières, quand les slips, les chemises de coton et les jupons ballottaient entre terre et ciel. Il y avait comme une fierté d’étaler au bon vent les vêtements de la maisonnée… où l’on comptait plusieurs couches à bébé. La critique publique pouvait juger de la blancheur plus ou moins terne des draps de madame, et des justaucorps de monsieur. Chacun y allait de son étalage d’étoffes rustiques ou de soies fines griffées. J’imagine la soubrette de Mme de Salaberry en train de suspendre le satin et le velours, quand la fermière voisine accrochait son feutre, sa toile rude et sa flanelle lourde.
Les cordes à linge sont aujourd’hui bannies par plusieurs municipalités, dont Gatineau, Brossard et dans certains quartiers urbains. Fini l’étendage ! Pensons esthétique ! Cachez-moi ces “bobettes”, ces soutiens-gorge et les jeans troués. Hors de ma vue les nippes et les hardes du voisin !!! La sécheuse a tué l’étendoir à linge. Progrès et rapidité, diront les modernistes. Nature et poésie plaideront les étalagistes.
Avec la corde à linge sont disparus les gabardines et les Indiennes de nos ancêtres, les futaines, le Mazamet et ce tissu de laine appelé “bergopsom”. Les “makinas”, les “parkas”, les “overalls” ne se balancent plus au vent frais du nordet. Avec la sécheuse sont apparus les “adoucisseurs”, les feuilles antistatiques, les couches jetables, le polyester et… le compte d’Hydro-Québec. Ainsi en va-t-il de l’histoire.
De toute façon, la corde à linge et la sécheuse ignorent également que le nom de “jeans” vient d’un tissu originaire “de Gênes”. Que le denim provient de la ville “de Nimes” et que le bergopsom était importé de Berg-op-Zoom.
Illustrations: Le Canada-Français, 28 juin 1901; Internet
Références: Le Journal de Montréal, édition du 23 mai 2014, article de Marie-Claude Ducas: “L’usage de la corde à linge”.