On a fabriqué des ustensiles d’aluminium à Chambly

 

Paul-Henri Hudon

HISTOIREThe Canadian Aluminum Works Company Limited  soumet en 1901 au conseil municipal du village du Canton de Chambly un projet d’établissement d’une usine de fabrication d’accessoires de cuisine en aluminium. La nouvelle compagnie érigerait deux bâtisses de brique : une fonderie située à angle droit avec le canal et, devant celle-ci, parallèlement à la rue, une usine de finition, comportant deux étages. On aurait prévu l’ ouverture d’une rue qui s’appellera « rue de l’Aluminium » (aujourd’hui, rue Bennett), enfin la pose gratuite des services publics et un prêt de 20 000 $.

En mai 1901, la municipalité, sous l’administration du maire Samuel Thomas Willett, adoptait effectivement le règlement suivant : “Attendu que MM. James Edwards, shoemaker, et Henry C. Dodds, faisant affaires ensemble en société sous le nom et raison sociale de Canadian Aluminum Works, dans la cité et district de Montréal, offrent d’établir dans les limites de la municipalité du village du Canton de Chambly une usine pour la confection en aluminium d’articles de commerce de tout genre.

Attendu que l’établissement permanent de cette nouvelle manufacture, dans les limites de la municipalité du village du Canton de Chambly, ne manquera pas de donner une nouvelle impulsion au commerce. Et qu’il est du plus grand intérêt des contribuables de la dite municipalité d’y introduire cette nouvelle et importante industrie, d’en favoriser l’établissement et d’en aider les opérations.  À cette fin, la corporation du village du Canton de Chambly s’oblige et s’engage de prêter à la dite Canadian Aluminum Works la somme de 20 000 $, sans intérêt, pour une période de treize ans.

La dite Canadian Aluminum Works devra d’abord, à son choix, acquérir dans les limites de la municipalité du village du Canton de Chambly, une étendue de terrain ne contenant pas moins de 20 000 pieds en superficie et d’y ériger sur le dit terrain les bâtisses dont elle aura besoin pour son usine. Le terrain et les constructions qui devront être érigées devront avoir une valeur d’au moins 5 000 $, et l’outillage nécessaire à l’exploitation des dites usines. Leurs installations devront avoir une valeur d’au moins 12 000 $.

La compagnie devra embaucher “pendant les six premiers mois, à partir de vingt hommes et, pendant les six mois suivants, quarante hommes. Pendant la balance des treize années, employer annuellement cent employés résidents du village du Canton de Chambly et leur payer en argent annuellement, bona fide, une somme de trente-cinq mille piastres en salaires ou gages…” (Règlements de la municipalité du Canton de Chambly, no 19, page 57, 27 mai 1901).

Les registres paroissiaux font état de quelques ouvriers embauchés à cette manufacture: Joseph Dumaine (Éva Breux), finisseur en aluminium, (RSJ, 19 avril 1904). Aimé Doré (Alice Bédard), tourneur en aluminium, (RSJ, 7 septembre 1904). Georges Charettepolisseur en aluminium (RSJ, 15 janvier 1905). C’est le fils de Joseph Charrette, gardien aux ateliers du canal, et d’Hélène Chaloux, il épouse Blanche Malhiot. George Holdstockmouleur et brunisseur, époux de Marie-Rose Larrivée (RSJ, 19 janvier 1906).

Tout se gâta après cinq ou six années d’activité. La compagnie déclara faillite. La municipalité “se retrouva avec des bâtisses vides et un stock considérable d’ustensiles invendus dont on disposa assez facilement. Tous les samedis, le secrétaire-trésorier de la municipalité tenait boutique dans un local situé à l’intersection des rues de l’Église et Bennett, où les citoyens de Chambly et des environs pouvaient s’approvisionner de poêles à frire, de casseroles, bouilloires, théières, cafetières, etc. à bon compte.  En 1926, la bâtisse à deux étages servit d’école pendant les travaux de démolition de la vieille école et la construction d’une nouvelle. Sporadiquement, elle fut occupée par des petits ateliers de confection de vêtements qui, bien entendu, ne payaient pas de loyer”. (Armand Auclaire, p. 29).

Cet article aurait pu s’intituler: Comment la ville de Chambly-Canton récupère des fonds perdus en vendant de la vaisselle !

Références:  Armand Auclaire, Cahiers de la seigneurie de Chambly, vol 10, septembre 1983, page 29. Archives de la SHSC, Règlements municipaux. Journal La Patrie, 9 décembre 1902.