On a fabriqué des pelles à Chambly-Canton

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE- C’est une industrie qui a existé longtemps à Chambly. Mais l’histoire l’avait refoulée dans les caves de la mémoire. Oubliées les pelles de fer ! Elles avaient pourtant connu au moins trois entrepreneurs, Draper, Lemoine, Kent, et… qui sait d’autres.

Benjamin Draper. Feu à Chambly: Nous regrettons d’apprendre qu’in incendie s’est déclaré dans la grande bâtisse appartenant à John Yule, écuyer, à Chambly, connue sous le nom de manufacture de coton, dans la matinée du 15 mars 1856. Le feu se communiqua à la fabrique de pelles appartenant à M. Draper et tout fut consumé. La perte de M. Draper se monte à environ 1 000 livres. (Le Courrier de Saint-Hyacinthe 28 mars 1856) (Inventaire de la succession de Benjamin Draper, Paul Bertrand, 31 janvier 1867). Cette manufacture de coton désaffectée se trouvait sur la rue Richelieu, entre la rue St-Jacques et la rue Willett, aujourd’hui rue résidentielle.

La manufacture est relancée en 1872. Samuel Thomas Willett baille à Prosper Lemoine, manufacturier de pelles, résidant au village du Canton, une boutique connue sous le nom de boutique de Draper, « Draper’s Shop », située au Canton, sur la dam conduisant l’eau à un moulin à farine et tenant à une autre boutique appartenant au bailleur dans laquelle se font les réparations au moulin de ce dernier, joint aussi une chambre dans la boutique… dont il est en possession depuis le premier mai dernier (1872), pour 120 $ de loyer annuel. (J. T. Amédée Robert, 21 septembre 1872). La manufacture de pelles de MM. Lemoine et Dorion est en pleine voie de prospérité. (La Semaine agricole, 29 novembre 1872).

À nouveau, “Samuel Thomas Willett baille à Prosper Lemoine, manufacturier demeurant au Canton, une bâtisse en bois au Canton, sur les bords des rapides, sur une dam conduisant l’eau à un moulin à farine, appartenant au bailleur. Cette bâtisse comprend une boutique maintenant occupée par le présent pour la manufacture des pelles de fer, une autre boutique dans laquelle se font actuellement les réparations aux moulins du bailleur, et enfin cette partie de la boutique ci-devant employée comme moulin à scie. Et pour cinq années le droit d’un passage à l’usage des employés et d’autres personnes et d’un pont construit sur la dite dam, pour communiquer de la dite bâtisse à une rue qui passe le long de la dite dam. Ce bail est consenti moyennant 500 $ courant par année. À ce présent est intervenu James Rose, écuyer, commerçant résident à Montréal, agissant au nom de la Société qui existe entre lui et Charles S. Watson (Morland, Watson & Co), qui se porte caution.” (J. T. Amédée Robert, 10 avril 1874, no 299).

Ambroise Kent, manufacturier de pelles, engage Joseph et Daniel Tétreault, forgerons, pour un an. Daniel Tétreault sera foreman de la manufacture. Cet Ambroise Kent avait baillé un emplacement à l’endroit où serait la gare ou le dépôt. Ambroise Kent, shovel manufacturer, baille de Hugh O’Hara, marchand au Canton, un lot rue Bourgogne, borné d’un côté à une rue, d’autre côté à Mme Morissey, avec une maison de briques. (Ce lot se trouvait au no 2254, Bourgogne, au coin de Saint-Georges). Ce contrat est fait en présence d’Anthony Cumberworth, ingénieur au Canton, témoin. (Notaire Scheffer, 15 avril 1875; 8 mars 1875).

Prosper Lemoine, manufacturier de pelles, époux de Mathilde Demers, demeurait à Chambly-Canton (Notaire Scheffer, 21 septembre 1883). Prosper Lemoine du Canton de Chambly avait obtenu “un brevet le 13 août 1873 for patent imp. in trench shovels. (2e Cahier, no 2650 5 pages, RG105) (Rannou, op. cité, page 121 et 141).
Onésime Lemoine, 59 ans, employé à une manufacture de pelles, son épouse, Marie…, 59 ans. Un fils, Ovila, 23 ans (Recensement de 1891, no 165).
Joseph Charrette, employé à la manufacture de pelles, époux d’Hélène Chaloux. (Registre de la paroisse Saint-Joseph 5 juillet 1893).
Joseph Gervais, 57 ans, époux d’Emmélie Fortier, est tué accidentellement par la rupture d’une meule d’établi à la manufacture de pelles. (Registre de la paroisse Saint-Joseph , 13 août 1896).

Illustration extraite du livre de Normand Cazelais, “Vivre l’hiver au Québec”.