Nos derniers ponts. Un patrimoine oublié

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le chemin de fer qui reliait Montréal à Granby, passant par Chambly, est affaire du passé. Les gares ont été détruites. Les rails sont disparues. Le pont tournant qui traversait le canal a été enlevé. Il ne reste que le tracé ancien, placé sous réserve municipale, mais inutilisé.

Rappelons que ce chemin de fer, qui arrive à Chambly en 1873, était dû aux efforts d’un industriel de Chambly, Samuel-Thomas Willett. C’est à son initiative que le rail offrait un nouveau service de transport, situé entre le “Grand Tronc” qui desservait Saint-Hilaire et Saint-Hyacinthe et le “Champlain & St-Laurent” qui passait à Saint-Jean. En 1875, l’enclave vide comprenant Chambly, Richelieu, Marieville, Rougemont, St-Césaire devenait accessible par chemin de fer. Passagers et marchandises, commerces et entreprises, la poste et les touristes pouvaient profiter d’un transport moderne.

En 2020, outre l’emprise du chemin, la surélévation du terrain, il ne reste à Chambly que deux ponts. Celui qui enjambe le Richelieu est interdit; l’autre qui traverse la rivière L’Acadie, rouille sur place.

“À Chambly, les travaux de construction du chemin de fer se poursuivent et on a commencé le pont de la petite Rivière Montréal. Il est question de faire des démarches auprès de la Banque des Marchands pour obtenir un bureau ou succursale à Chambly”. (La Minerve, 12 mars 1873).

“Le 2 septembre 1873, avait lieu la pose de la première pierre du pont du chemin de fer de la Cie Montréal-Chambly-Sorel Railway qui doit relier les deux rives du Richelieu en haut du pont Yule. A cette occasion, des discours furent prononcés par M. Lemoine, manufacturier et par le Dr. G. Dubuc qui félicitèrent M. Francis Guyon-Lemoine de l’Acadie, jeune homme distingué par son énergie et âgé seulement de 23 ans, de ce qu’une entreprise aussi considérable lui avait été confiée par M. Ashley Hibbard, entrepreneur du chemin. Les immenses blocs de pierre dont se sert M. Lemoine pour la construction des pilotis sont tirés des carrières de l’île Lamothe, située dans le Lac Champlain. 40 000 pieds cubes de cette belle pierre seront employés. Le pont aura une longueur de 725 pieds et la distance entre chaque pilier est de 105 pieds. Les assises auront une hauteur de 33 pieds sur 60 d’ailes et les piliers de 15 pieds de hauteur”. (La Minerve: 15 septembre 1873).

Les travaux du pont du Canal de Chambly sur lequel doivent passer les chars, avancent rapidement. De nombreuses bâtisses sont en voie de construction et une augmentation de population se fait sentir graduellement. (La Minerve: 18 avril 1874).

Il y a eu trois ponts à treillis métalliques sur la rivière L’Acadie. Le “pont du Moulin” et celui de l’île Goyer, ont été “déconstruits”. Il ne reste de cette catégorie que celui de l’ancien chemin de fer.

Sources: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. Fonds Armand-Auclaire

Fonds Robert-Frigon, Lors de l’inondation de 1978.