Malgré ses charmes, Chambly n’a pas échappé aux tornades dévastatrices !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – On s’était efforcé d’embellir Chambly: “Des centaines d’arbres forestiers ont été plantés par les nouveaux propriétaires des terrains concédés par le gouvernement d’Ottawa et, avant peu, Chambly, disait-on, sera un véritable jardin“. (La Minerve, le jeudi, 23 novembre 1876).

On pavoisait même: “Chambly, pendant la saison d’été est certainement l’une des plus belles places d’agrément que les citadins puissent aimer à habiter”, écrivait-on. “Nappe d’eau comparable aux lacs les plus vantés. Vue magnifique des monts isolés environnants, si pittoresques et si grandioses. Rapides grondants qui ajoutent encore à la diversité des beautés de la nature. Vieux fort qui lui sert comme d’une couronne glorieuse. Panorama enchanteur; plaines verdoyantes, bosquets odorants, bocages et bois ombreux, air pur et vivifiant, tous ces agréments se trouvent réunis à Chambly”. (La Minerve, 30 juin 1876; Le Nouveau Monde, 27 juin 1876).

Douze ans après ces louanges, la ville de Chambly subissait les foudres d’une tempête digne de Mascouche (21 juin 2021): “Le mercredi, 6 juin 1888, une tempête épouvantable, accompagnée de tonnerre et d’un vent impétueux, a causé des dommages considérables à Chambly. Des cheminées, des clôtures et des toits ont été enlevés. Au fort, quelques dommages ont été causés à une partie du petit toit d’une des courtines, dont quelques pierres menacent de tomber. Un bateau poussé sur ses ancres est remonté jusque dans les rapides. Des gros ormes ont été tordus et brisés par le vent. Un trottoir fait de madriers, sur une longueur de trois arpents, a été transporté de l’autre côté du chemin“. (Le Franco-Canadien, 15 juin 1888).

Cette tempête a aussi causé des dommages à Beauharnois, à Saint-Philippe et à La Prairie, “où un grand nombre de bâtiments et des maisons, ont été renversés, dont celle d’Alexandre Gagnon“. Le vapeur “Laprairie“, qui descendait les rapides de Lachine, fut pris sous la tourmente: “Les passagers, en apercevant l’affreuse trombe qui accourait sur eux, en soulevant en poussière les eaux du fleuve, furent pris d’une frayeur mortelle. La panique fut à son comble quand l’ouragan donna l’assaut au bateau, le secouant et l’inondant d’une pluie torrentielle

Un cultivateur de Lachine, qui passait en voiture, a été enlevé de sa voiture et lancé par-dessus de la clôture dans le jardin de M. Holt… À Ottawa, un banquier qui se trouvait sur le quai se réfugia derrière une pile de planches. Mais voilà que soudain la pile de planches elle-même est enlevée et notre homme aussi. Il s’en fut à l’eau avec les planchesL’ouragan a frappé Montréal à deux heures. Il voyageait à cent milles à l’heure. C’était une véritable tourmente avec une espèce de trombe qui a fait beaucoup de dégâts sur son passage...” Le journaliste rapporte que l’ouragan a poursuivi ses dommages jusqu’à Sherbrooke. (La Presse, 7, 8 et 9 juin 1888, p. 4).

Illustration: Archives de la SHSC, Collection Émile Caron. Carte postale colorée. P105S8P02