L’imposant manoir du seigneur Gabriel Christie à Chambly

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Hélas disparu ! Le manoir de Gabriel Christie (1722-1799), “lieutenant général et commandant du premier bataillon du 60e régiment de Sa Majesté britannique “, a été démoli suite à un incendie survenu le 16 mai 1953. À partir de 1934, il avait été transformé en institution scolaire tenue par des religieuses, les Soeurs de Picpus. Ce couvent-pensionnat  était alors connu sous le nom de Val-Marie ou Valdombre. La Résidence Emma-Lajeunesse, au 38, rue De Richelieu occupe en 2021 l’emplacement de cet historique manoir.

Gabriel Christie avait acheté la seigneurie de Chambly le 23 novembre 1796 (notaire Joseph Papineau, 23 novembre 1796). Lors de l’inventaire après décès de Gabriel Christie, on apprend qu’en 1799 “vis-à-vis le moulin est la maison seigneuriale bâtie en pierre à deux étages, 49 pieds de longueur, par 29 pieds de largeur, avec les offices, les caveaux dessous, les chambres pour les domestiques au-dessus, et qui n’a pas encore été habitée, avec son jardin clos en pieux…” (Joseph Papineau, no 2879, 9 février et 25 juin 1799).  Son héritier, le “major général des forces de Sa Majesté britannique“, Napier Christie Burton (1758-1835), qui vint rarement à Chambly, sauf le 5 mai 1801, le met en vente. Samuel Hatt (1776-1842) l’acquiert le 17 août 1816, ainsi que toute la seigneurie de Chambly-Ouest en 1818. Le nouveau seigneur et sa famille en seront, apparemment, les premiers occupants jusqu’au 7 mai 1845.

John Yule (1812-1886), “l’un des exécuteurs testamentaires et administrateurs de la succession de feu William Yule“, acquerra le manoir, le 7 mai 1845, au nom des héritiers Yule. (Notaire Paul Bertrand, nos 4390, 4391, 4392, 7 mai 1845. Archives Publiques du Canada, vol 1885, p. 55). Ne se privant de rien, le même John Yule achète de plus, par vente publique, le manoir De Salaberry le 13 octobre 1848, où semble-t-il, il fixa sa demeure.

Enfin l’industriel Samuel-Thomas Willett (1824-1913) prit possession du manoir Christie par achat de John Yule, le 30 novembre 1868, devant le notaire Paul-Solyme Bertrand, pièce no 1388. Les Willett en auraient été propriétaires jusqu’en 1928 (La Presse, 18 mai 1953, pages 19 et 35). Ils l’ont vendu au frère de l’abbé Mgr Georges Gauthier, qui le céda aux Soeurs de Picpus.

Donc, après la première maison seigneuriale des seigneurs français, Boucher de Niverville, située, croyons-nous, à l’angle des rues Centre et Lafontaine, le manoir Christie aura trôné fièrement sur sa hauteur, rue De Richelieu, pendant 155 ans.

 

Références: Chantal-Alexandre Raiche et Janine Maugy, Les Soeurs de Picpus, dans Les Cahiers de la seigneurie de Chambly, no 21, avril 1997.

Illustrations: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, Fonds Armand-Auclaire, P-101. Collection Émile-Caron, P-105.