Les bruits et les sons d’autrefois !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – À l’origine était le silence. Les paisibles campagnes de nos ancêtres ne connaissaient pas la cacophonie ininterrompue d’un chemin de Chambly. Ni la chamade bousculée d’un pont Champlain.

Au début les sons étaient clairsemés. Le clapotis tiède du ruisseau, le sifflement du vent dans la vitre de chambre. Un bruit de marteau par ci. Le beuglement d’une vache par là, le trot régulier d’un cheval dans le chemin, la troupe britannique au fort qui battait le tambour du midi. Il y avait un temps pour chaque bruit. Et un message dans l’onde sonore.

Les sons avaient une intention. Ils n’étaient pas désintéressés. C’était des avertisseurs. Ainsi les cloches du village donnaient les heures, au moment de “l’Angelus”. C’était un medium de communication, le  radio émetteur du temps.

Le glas avertissait que le bonhomme Baptiste venait de mourir. Un coup sombre, espacé, un autre triste, un autre encore et un autre. On avait compris le message. L’envolée de cloches, joyeuses et accentuées signalait un mariage, un baptême. Le tocsin prolongé ameutait les hommes lors d’un sinistre, d’un danger.

Le Big Ben mesurait les quarts d’heure. La sonnette de la porte annonçait une visite. La clochette de la maîtresse d’école est remisée aux souvenirs. Le clairon de la caserne ou la sonnerie d’usine mobilisait les attardés du déjeuner.

Nous entendrons de moins en moins les cloches aux six heures, assourdis que nous sommes par le vacarme ambiant. Autrefois elles quittaient pour Rome le Jeudi Saint, mais revenaient le jour de Pâques.

Il n’y a plus de sirène d’usine. Le trot du cheval, si hardiment martelé, est disparu du décor phonique. Fini les grelots de Noël. Et qui connait ce qu’est le glas et  l’Angelus ? On les a remplacés par des discothèques hurle-tête.

Les trois cloches de l’église Saint-Joseph-de-Chambly, fabriquées à Londres, installées en 1896, ont été baptisées du nom de Joseph-Léon, Édouard-Charles et Charles-Médéric, respectivement, pape, évêque et curé à l’époque.

L’illustration ci-contre, extraite du journal L’Étendard du 19 janvier 1887, annonce la fonderie Chanteloup de Montréal, où avaient été coulées la statue de bronze de Charles-Michel de Salaberry en 1881, à Chambly, et celle de George-Étienne Cartier à Montréal. La Fonderie E. Chanteloup donnait adresse au 587 à 593, rue Craig à Montréal (L’Étendard, 17 février 1883 et 13 février 1884).