L’église sous laquelle le grand patriote Julien (Lucien) Gagnon a été enterré, mise en vente

Réal Fortin

HISTOIRE – L’Église de Saint-Paul-de-l’île-aux-Noix est à vendre. Parmi les secrets qu’elle garde, il y a celui du grand patriote Julien-Gagnon qui a été enterré sous l’édifice.

Baptisé sous le prénom de Lucien à Laprairie le 8 janvier 1793, son entourage le prénomme généralement Julien. Il était cultivateur à la pointe à la Mule, dans la paroisse de Saint-Valentin depuis 1816. [1]

(Notons qu’à l’origine, l’église était située à l’emplacement actuel de celle de Saint-Paul-de-l’île-aux-Noix. C’est dans le sous-sol de cette église que Gagnon a été enterré. Plus tard, cette paroisse a été subdivisée en trois : Saint-Blaise, Saint-Valentin et Saint-Paul-de-l’île-aux-Noix).

Gagnon avait 44 ans lors des événements de 1837-1838. Encouragé par son épouse Sophie Régnier, il appuie fermement les revendications du parti patriote majoritaire, il participe activement aux divers moyens de pression proposés par les députés : boycott des produits importés, démission des détenteurs d’une commission gouvernementale, tenue d’assemblées politiques.

Partout, on le retrouve avec le docteur Cyrille Côté, député du comté de L’Acadie: tantôt il rassemble les paysans du Haut-Richelieu, tantôt il recrute des membres dans d’autres paroisses environnantes, tantôt il dirige des charivaris, tantôt il combat en tête de ligne. Invincible et inlassable, Gagnon se prépare, d’une main de fer, à une lutte d’abord défensive puis offensive s’il le faut.

Les indécis et les bureaucrates le qualifiaient de terreur du village. Décidé de mener à bien la rébellion qu’il a planifiée localement avec le docteur Côté, il s’entoure de lieutenants convaincus. Il s’oppose au système seigneurial qui s’est transformé en entreprise commerciale de plus en plus abusive.

Quel rôle le patriote Julien Gagnon a-t-il joué pour se mériter plusieurs biographies notamment dans le Dictionnaire biographique du Canada? Qu’adviendra-t-il de cette église où reposent son corps et celui de sa femme? (À suivre)

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[1] En 1822, Thomas Jobson, barrack master à l’île aux Noix faisait parvenir une requête portant 55 noms à Mgr Lartigue. On lui demandait de créer une paroisse à cet endroit. Le nom de Gagnon y apparaissait