OPINION– Aujourd’hui, au Québec, avoir un ou des enfants, c’est vraiment un choix. Nous n’avons plus la pression de l’église pour faire des enfants, et les gens ne sont plus jugés parce qu’ils font le choix de ne pas avoir d’enfant. Alors, je me demande pourquoi, certains, voire plusieurs, font le choix d’avoir des enfants ?
Plusieurs parents ne sont pas prêts à changer leur style de vie lors de l’arrivée d’un enfant. Ils veulent avoir encore leur «liberté», leurs loisirs, leur temps pour eux. Combien de fois, je vois des bébés pleurer et les parents ne les prennent pas dans leur bras… pour ne pas trop les gâter!
Combien de fois j’entends des parents dire : «laisse-le pleurer pour s’endormir, il va apprendre à s’endormir tout seul»… ben oui, la seule chose qu’il va apprendre, c’est que ses parents ne sont pas là pour répondre à ses besoins.
Un bébé, ça ne se gâte pas; pleurer c’est son seul moyen de communiquer. Il exprime qu’il n’est pas bien et qu’il a besoin qu’on s’occupe de lui tout simplement. Certains ont plus de besoins que d’autres et chacun à sa personnalité.
Ne pas répondre aux pleurs du bébé, c’est un peu comme dire que mon besoin d’avoir la paix comme parent passe avant de répondre aux besoins de mon enfant. Et même si le besoin de mon enfant est d’être pris et cajoler, qu’est-ce-ce qu’il y a de mal à donner autant d’amour à ce petit être tant désiré ?
Lorsqu’il vieillit, on le met devant la télé pour avoir la paix, lors des déplacements on lui met un film dans l’auto pour avoir la paix, au resto on lui donne une tablette ou un cellulaire pour avoir la paix!
Il est démontré que tous ces appareils nuisent au fonctionnement du cerveau chez les jeunes enfants, mais pour avoir la paix, on peut bien se dire que rien de tout cela n’est prouvé.
Plusieurs enfants ont des retards de langage, car il n’y a pas d’échange verbal lorsqu’on passe son temps devant les appareils électroniques. En dehors des heures d’écoles ou de service de garde, plusieurs enfants ne mettent que très rarement le bout du nez à l’extérieur; ils sont «plogués» sur leur console de jeux.
Combien de parents prennent des vacances sans leurs enfants ? Ces parents ont besoin de temps pour eux, pour se reposer… et leurs enfants, ils n’ont pas ces mêmes besoins ?
Combien de parents laissent leurs enfants fréquenter un service de garde à temps plein alors que la mère est en congé parental ?
C’est certain que ce n’est pas évident d’avoir une place en milieu reconnu, mais la majorité des parents ne vérifient même pas si leurs enfants peuvent fréquenter à temps partiel durant le congé parental afin de pouvoir profiter de leurs enfants. De plus en plus les enfants d’une même famille sont élevés un à la fois plutôt qu’ensemble. Les parents s’étonnent souvent de voir le plus vieux réagir à l’arrivée du nouveau bébé… c’est normal, car il comprend que bébé restera avec maman toute la journée et que lui sera exclu et envoyé dans un service de garde…
Quand est-ce que plusieurs parents répondent aux besoins de leurs enfants ? : Quand ils lui achètent de super gros cadeaux ? Quand la fée des dents laisse 5$ pour une dent ? Quand ils disent oui à toutes les demandes ? Quand on le laisse se coucher à l’heure qu’il veut ?
Et non, on répond aux besoins des enfants quand on prend ses responsabilités en imposant un cadre, une structure et des limites. Oui ça demande du temps et de l’énergie, mais c’est nécessaire pour que notre enfant puisse s’épanouir et faire un individu qui saura se comporter en société.
Dire oui à toutes les demandes des enfants, c’est facile, mais ce n’est pas leur rendre service, car un jour ils devront fonctionner dans des milieux où il y aura des contraintes et leurs parents ne leur auront pas appris à se faire dire non.
Dans La Presse du 22 mai 2018, on pouvait lire les résultats d’une enquête menée par l’Observatoire des touts petits sur la qualité des services au Québec. On n’y apprend pas grand-chose de nouveau, mais cette enquête vient s’ajouter aux statistiques que l’on connaît déjà.
Les Centres de la petite enfance, suivi de la garde en milieu familial régie se classent beaucoup mieux que les milieux privés quant à la qualité des services offerts. Pourtant, combien de parents choisiront le privé afin d’économiser quelques dollars au détriment de la qualité des services offerts à leur enfant ?
Croyez-vous sincèrement qu’un beau bricolage est un gage de qualité des services ? Qu’est-ce que votre service de garde fait pour favoriser toutes les sphères de développement de votre enfant ?
Saviez-vous qu’en corrigeant certaines problématiques dès la petite enfance, on élimine plus de 80% des troubles d’apprentissage à l’école ? Remarquez que dans ce domaine, le gouvernement ne fait pas mieux, car sous le règne des libéraux, les garderies privées ont poussé comme des champignons et le financement des CPE a été coupé plusieurs fois depuis 2003. Ce gouvernement ne s’est jamais soucié que les enfants reçoivent des services de qualité.
Être parent, ce n’est pas sorcier, c’est répondre aux besoins de son enfant (ne pas confondre avec désir), d’être présent pour lui et de toujours être là lorsqu’il aura besoin de nous.
Choisir d’avoir des enfants, c’est d’accepter de laisser ses propres besoins de côté pour… au moins les 18 prochaines années.
Marie-Hélène Gagnon
Saint-Césaire