Le manoir Hertel de Rouville, rue Richelieu, à Chambly

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Sous le régime français, Claude Hertel de Beaulac occupait un premier emplacement bornant l’actuelle rue des Voltigeurs. Plus au sud-est, on trouvait le lot voisin qui appartenait à Hugues Hertel de Chambly et, encore plus à l’est, l’emplacement de Jean-Baptiste Hertel de Rouville (1668-1722), premier seigneur de Rouville.

C’est ce terrain qui est l’objet de notre article. Sur cet emplacement, anciennement le lot 41, se trouve l’actuelle maison de pierre sise au 27, rue de Richelieu. Cette partie du domaine des Rouville était passée par héritage au fils, Jean-Baptiste Hertel de Rouville (1708-1777), puis à son frère, René-Ovide Hertel de Rouville (1720-1792), enfin à Jean-Baptiste-Melchior Hertel de Rouville (1748-1817), fils du précédent, entre 1789 et 1817. C’est ce dernier qui aurait fait construire l’imposante maison de pierre actuelle.

En 1780, il y avait une maison de bois, de pièces sur pièces, sur le lot 41. Le sieur Jean-Baptiste-Melchior Hertel, seigneur de Rouville, s’installe en permanence à Chambly en 1789. C’est ce qu’il affirme lui-même dans ses chroniques.

Lorsque son père, le seigneur René-Ovide Hertel de Rouville, décède en 1792, s’ouvre alors un long contentieux entre l’héritier Jean-Baptiste-Melchior-Hertel avec ses deux soeurs et sa belle-mère, madame Charlotte Jarret de Verchères, la seconde épouse de son père. Un problème de succession, où l’héritier doit racheter les droits des autres héritiers. Les dernières sommes versées à ces douairières seront réglées en 1800. (Joseph Papineau, 3 décembre 1792; partage, 2 juillet 1795. Chaboillez, 9 mars 1798; J. Gerbrand Beck, quittances les 3 septembre 1800 et 24 août 1801).

De plus, un emprunt important par Jean-Baptiste-Melchior Hertel de Rouville d’une somme de 10 227 livres (environ £ 426 livres anglaises, ou 1704 $) est conclu en décembre 1800 (Notaire Leguay, 27 décembre 1800). De même une obligation à François Baby de 15 000 livres, à “constitution de rente“, (Boileau, inventaire du 2 au 12 décembre 1819),  nous fait croire que ces sommes auraient pu servir à l’érection du manoir.

Melchior est élu député à la Chambre d’assemblée en 1792. Il est juge de paix et sera nommé conseiller législatif en 1811. L’érection d’une maison prestigieuse digne de son nom et de ses fonctions a pu se réaliser vers 1805 environ.

La photographie du haut de page est datée de 1925. À cette date, la maison appartenait à dame Berthe-Rhéa Prévost, épouse du notaire Châteauguay de Salaberry.