Le jour où le drapeau américain a flotté sur le mât du collège de Chambly

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Plusieurs pensionnaires qui fréquentaient le collège de Chambly provenaient des États-Unis. On en dénombre une douzaine en 1851. (Voir Le Montérégien, 14 décembre 2020).

Or, il se trouve que l’actualité politique de cette époque prônait l’annexion du Canada aux États-Unis. Les campagnes électorales de janvier 1848 et de décembre 1851 font état d’un mouvement sympathique dans ce sens, même à Chambly. Dans le comté de Rouvilleil y a eu une grande assemblée annexionniste en janvier 1850 (La Minerve, 24 janvier 1850). Une assemblée de même obédience se tiendra à Chambly en janvier 1851 (La Minerve, 10 et 21 avril 1851, p. 2).

Un premier incident bien banal s’était produit en 1849: On nous informe que, dimanche dernier, M. Mignault, curé de Chambly, fit en chaire quelques remarques sur la conduite de ceux qui ont hissé le drapeau américain sur le fort de Chambly. M. Mignault dit entre autres que ceux qui avaient commis cette action méritaient d’être pendus à la place même du drapeau (L’Avenir, 16 juillet 1849).

L’année suivante, il est arrivé qu’un audacieux étudiant aurait hissé un drapeau américain au mât du collège de Chambly. À son réveil le matin du 4 juillet 1850, le curé Mignault, constate l’infamie. “Il ordonna au directeur du collège, le père François-F. Lahaye, de faire retirer ce pavillon étoilé. Le directeur refuse d’y laisser grimper un élève. <Le mât est pourri>, réplique-t-il. M. Mignault dut payer pour le faire descendre et il livra l’étendard aux flammes. Contre l’ordre d’expulsion du loustic, prononcé par le curé, le directeur riposta que le renvoi le regarde. Il déplore de plus que cet accrochage soit arrivé en présence des collégiens”. (Robert Hémond, Biographie du père François-T. Lahaye, février 1993, page 23).

Notez qu’on a profité de “l’Independance Day“, célébré le 4 juillet aux États-Unis, pour manifester ce patriotisme juvénile. Peut-être n’y avait-il rien de politique dans le geste de cet étudiant. Pas de quoi fouetter un yankee.

Références. Informations gracieusement fournies par le chercheur et historien Sylvain Gaudet.

Illustration: La bannière des États-Unis en 1850 portait trente étoiles. Collège de Chambly vers 1850-1860, Fonds Gérard-Morissette.