L’arrivée des troupes britanniques à St-Charles, le 25 novembre 1837

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE –  “Notre marche depuis St-Hilaire jusqu’à St-Charles, raconte Sydney Bellingham, fut quelquefois interrompue. Des tirs sont parvenus d’une maison de ferme. Quand nos soldats y parvinrent, ils découvrirent que le feu y avait été mis. J’entrai dans l’étable et je vis une trentaine de bêtes retenues par le cou. J’essayai de les libérer, mais la fumée me força à sortir. Je remontai sur mon cheval et je regagnai mes hommes. J’ai su plus tard qu’un groupe de nos soldats voyant un homme vêtu à la canadienne et suspecté d’être un rebelle, en cherchant à fuir, avait tiré sur moi. Le lieutenant David de la Cavalerie montréalaise avertit les soldats qu’il s’agissait du Magistrat en fonction, sans quoi ils auraient tiré sur moi.

Plus près de St-Charles, le colonel Wetherall remarqua un homme bien mis qui se tenait devant sa porte. En français, on lui demanda de se rendre aux barricades pour demander à ses compatriotes de déposer les armes et qu’on voulait parlementer avec eux. Il pénétra à l’intérieur des barricades par une entrée étroite qui faisait face au chemin. Comme il ne revenait pas, il avait dû être forcé de rejoindre les rebelles. Peu après, deux boulets de leur canon rebondirent sur le chemin et se perdirent dans le ruisseau…

 Les 300 hommes du colonel Wetherall se disposèrent rapidement en ordre de bataille. Leur aperçu près du champ de bataille de St-Charles provoqua chez les rebelle des bravades et de cris de défis. Les rebelles ouvrirent le feu, vers deux heures de l’après-midi, en tirant sur nous. Un barrage en bois et un talus de terre gelée nous séparaient… Cinq vieux canons étaient installés derrière leur muraille près de la route. Le côté nord de St-Charles bordait la rivière Richelieu. Le côté sud se fermait sur un boisé dense de hautes futaies. 

 Le colonel Wetherall avança ses troupes à environ 150 mètres du mur défensif, en terre, haut de quatre pieds, où s’abritaient les tireurs. Notre artillerie testa la portée de leur canon. Le premier tir expédia un boulet à travers le clocher de l’église St-Charles. Les cinq canons des rebelles étaient pitoyables et n’infligèrent aucune perte sérieuse. Ils étaient presque inutiles….

Sources: D’après les mémoires de Sydney Bellingham, aide de camp du colonel Wetherall, présent à la bataille.

Illustrations. L’attaque près d’un pont à St-Charles. Tableau attribué à Lord Charles Beauclerck. Note: Le récit de Bellingham ne fait pas état de cet incident militaire près du pont.