L’arche à Chambly, 1942. Le Congrès eucharistique régional

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Du 10 au 14 juin 1942, la paroisse catholique de Saint-Joseph-de-Chambly organisait un pieux rassemblement de fidèles. La presse rapporte les événements principaux, dont un en particulier qui se voulait spectaculaire: “Le congrès eucharistique régional de Chambly s’est ouvert mercredi par une cérémonie émouvante présidée par Mgr Anastase Forget, évêque de Saint-Jean. La cérémonie s’est déroulée en plein air. Un autel avait été érigé sur le parvis de l’église; les décorations et illuminations du parterre et du presbytère créaient une véritable atmosphère de fête. (La Patrie, vendredi, 12 juin 1942).

Mais surtout, on avait aménagé une estrade, bordée de tentures et de bannières papales dans l’angle ouest du fort de Chambly. On devait y recevoir les fidèles pour la clôture des assises. L’abbé Sylvio Laporte était alors curé. Messes sur le parvis, messe à la mi-nuit, prédications, séances d’étude, heures d’adoration ont précédé un ensemble de voeux et d’engagements. La célébration avait rassemblé au delà d’une quinzaine de prélats.

On avait préparé un “bateau allégorique”, parce que le “dimanche, durant la soirée, vers huit heures trente, devait avoir lieu une grande procession nocturne sur l’eau. Le Saint Sacrement sera porté en triomphe sur un bateau allégorique de l’église paroissiale jusqu’au fort historique de Chambly, où un reposoir sera érigé et où le congrès sera clôturé. (La Patrie, samedi, 13 juin 1942).

Or, une pluie incessante vint déranger les plans les plus divins. La spectaculaire procession fut supprimée. “Dieu n’a pas permis que la procession finale sur l’eau ait lieu”, écrit-on. “Dans sa sagesse, il en a disposé autrement. Il a préféré accorder une pluie abondante dont les champs étaient assoiffés, pluie bienfaisante pour les semences et les jardins”. (Le Richelieu, 18 juin 1942).
Les compagnies de transport par tramways ou autobus ont promis d’ajouter des voitures additionnelles à leur service régulier. Dimanche soir, le 14, vers minuit, un train spécial partira de Chambly-Canton pour ramener les visiteurs vers Montréal“. (Le Richelieu, 4 juin 1942).

À l’entrée de Chambly, une arche, construction asymétrique en bois de charpente recouverte de papier-brique, fut dressée sur l’avenue Bourgogne à l’angle des rues Martel et De Salaberry. Entre l’édifice de la Mairie et la propriété de la famille Gravel. Deux tourelles, accompagnées de deux moindres pavillons, supportaient une arcade crénelée au dessus de la rue.

L’ensemble, garni de fausses portes et de fenêtres décoratives, était cependant inaccessible. Impossible de monter au créneau. Le monument marquait l’entrée à Chambly par un rappel militaire à résonance médiévale. Les plans avaient été dressés par le surintendant du canal, René L’Heureux, assisté pour le montage des employés du canal de Chambly. L’arche sera démolie vers 1952 par ordre du ministère de la Voirie, pour des raisons de sécurité.

Sources Paul-Henri Hudon. Commémorer. Célébrations historiques à Chambly. Oeuvre historique inédite de 90 pages, primée par la Fondation Percy-W. Foy, décembre 2016.

Léonie Lussier-Patenaude, L’arche à Chambly, dans Les Cahiers de la seigneurie de Chambly, no 20, mai 1995, pages 17-18.

Illustrations, Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, Fonds Léonie-Lussier, P 120. Fonds Marie-Thérèse-Brouillard, P 306, Boite E-3-2. Fonds P 181, P29. André Gousse, collection. Le fort “endimanché” en 1942.