La présence des Premières Nations à Chambly au temps de la Nouvelle-France

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – On ignore s’il y a eu des Amérindiens des tribus Hurons-Wendat installés autour du bassin de Chambly. Ni d’où provient le nom de rivière des Hurons qui apparaît dans les documents dès les années 1670.

Par ailleurs, nous savons que des nomades provenant de la Nouvelle-Angleterre ont campé dans la seigneurie de Chambly. Des Mohicans, appelés “Loups”.

En 1687, leurs bandes inquiétèrent Laprairie et Chambly et brûlèrent les moissons; quelques colons furent capturés; les autres se réfugièrent au fort ou se sauvèrent à Boucherville. Le 3 novembre, le fort de Chambly fut investi tout à coup par les Agniers et les Mohicans et ne dut son salut qu’à la promptitude avec laquelle les gens de la campagne accoururent à son secours.

Les Loups (Mohicans) remontent la rivière Hudson et campent nombreux en Nouvelle-France. En 1685, ils sont établis à Chambly où ils cultivent la terre. Mais bientôt on signale qu’un village tout entier des Sauvages qui étaient à Chambly a déserté et s’est en allé avec les Anglais. Ils veulent revenir mais leurs dettes qu’il faudrait payer les en empêchent.

Les Loups sont une tribu indienne qui habitaient le long de la rivière Hudson aux États-Unis entre l’île de Manhattan et le lac Champlain. Vers 1690, chassés par les Iroquois, trahis par les Anglais, les Loups s’allient aux Abénaquis. Vers 1700, les Abénaquis, des Indiens rapatriés des côtes du Maine, viennent se placer sous la protection des Français. Les stratèges militaires songeaient en 1704 à installer ces réfugiés abénaquis près de Chambly. Mais d’autres recommandaient la prudence, pour ne pas provoquer des ripostes ennemies.

L’Intendant Bégon enregistre une ordonnance le 6 février 1722. Ce règlement interdit aux femmes et aux sages-femmes d’abandonner leurs enfants entre les mains des amérindiennes pour adoption, sous peine de 300 livres d’amende, et plus grande peine, s’il y a récidive.. et ordonnons aux missionnaires de nous informer des enfants qui auront été remis à des sauvagesses de leurs missions”. “Un voyageur rapporte avoir vu au Sault-St-Louis, près de Montréal, plusieurs bâtards français qui étaient en quelque sorte adoptés par les indigènes, selon son expression, et qui s’élèvent avec les façons et les inclinations sauvages. Ils partageaient la vie des Amérindiens avec un certain nombre d’enfants anglais faits prisonniers”. (Morel, p. 17).

On signale quelques mariages mixtes dont celui de Raymond Calmette dit Jolibois, et Geneviève Caris, indienne pawnee. Ils se sont épousés à Saint-Joseph le 24 juillet 1752. Il était le fils d’Antoine Calmette et d’Antoinette Lacorne. Raymond Calmette était soldat de la garnison dans la compagnie de Jacques-Pierre Daneau de Muy. Geneviève Caris “demeurait chez M. de Muy, commandant du fort”.

D’autres servent comme domestiques: Jean-Baptiste de Rouville avait une esclave du nom de Marie-Anne, sauvage sioux de 35 ans, qui fut baptisée et inhumée le même jour, le 29 juin 1763, à la paroisse de L’Immaculée-Conception de Saint-Mathias.

Sources:  Morel, André: L’enfant sans famille, dans L’évolution de la protection de l’enfance au Québec, des origines à nos jours, Presses de l’université du Québec, 2000, 227 pages. Collectif sous la direction de Renée Joyal.

Illustrations: Opinion publique 7 mars 1872. Croquis de W. Jefferys.