J’cours les concours… l’envers du décor…

CHAMBLY Charles-David Lapierre est un jeune auteur, compositeur et interprète de Chambly. À 22 ans, il a déjà à son actif plusieurs albums de chansons originales qui tournent régulièrement à la radio, au Canada et en Europe. Charles-David est membre fondateur du groupe Soul & Sister.

Il vient de publier sur Facebook une lettre coup-de-poing qui dénonce une facette sombre et mercantile de l’industrie de la musique au Québec, principalement celle des concours de la relève, qui propose maintenant aux concurrents «d’acheter des votes» pour mousser leur candidature sur le web… eh oui… vous avez bien lu !

Bonjour à tous !

Généralement, je ne suis pas du genre à rédiger de longues lettres pour discuter de sujets controversés, mais le texte qui suit vaut la peine d’…être lu.

Il y a quelque temps, j’ai participé à un concours sur le web. Le principe est simple: poster une vidéo de soi-même interprétant une composition originale et le public devait voter pour l’artiste qu’ils désiraient voir passer en finale. 

Jusqu’à hier soir, je n’avais pas remarqué, mais une fondation m’approchait par messenger et me proposait d’acheter, je le répète, d’acheter des votes. En d’autres mots, ils opéraient un racket où ce n’étaient pas les artistes les plus talentueux qui pouvaient l’emporter, mais n’importe quel individu qui partage… leur même mauvaise conscience.

Je ne peux nommer la fondation à présent, car le message en question a disparu comme par magie et je serais donc accusé de diffamation sans preuve. Par contre, voici une charade pour votre simple bon plaisir :

– Mon premier est la première femme apparue sur Terre selon les récits bibliques.

– Mon second est les canaux qui acheminent le sang dans tout le corps.

– Mon dernier est l’abréviation du mot compagnie.

P.S. Ne me demandez pas, je n’ai pas la réponse !

Trêve de plaisanteries, cela m’amène à un sujet des plus évités : les conspirations des géants de l’industrie musicale.

En ce moment, au Québec, les artistes qui sont le plus écoutés ne sont pas nécessairement les plus talentueux ni les plus authentiques, mais ce sont ceux possédant les contacts les plus influents du milieu musical.

Combien de fois ai-je entendu : «Va-t-on te voir à La Voix cette année?» ou bien encore, «Tu devrais aller à La Voix!». La réponse: c’est beaucoup trop souvent !

Le public est mal informé. On ne parle jamais des artistes «underground» au Québec, car ils n’ont aucune couverture médiatique. Les médias sont en lien direct avec les gros «Labels» et l’information est filtrée en conséquence.

Je vous défie d’en faire vous-même l’expérience. Sortez dans les salles de spectacle les plus hétéroclites, allez voir et écouter les vrais talents qui se cachent dans votre ville.

Ceux qui sont trop souvent enterrés par les «succès» musicaux commerciaux remâchés 112 fois. Vous verrez bien que sous ce voile médiatique se cachent des perles.

«On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter…» – Harmonium.

Quant à «la-fondation-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom», je ne leur souhaiterai pas d’aller en enfer. Je ne suis pas religieux, j’ai seulement quelques notions de la dualité; le bien contre le mal. Mais, hypothétiquement, s’il devait y avoir un endroit où aller pour les tricheurs et menteurs de mauvaise foi, l’enfer serait l’endroit idéal!

Charles-David Lapierre

N.D.L.R. Sans vouloir lancer la pierre à tous les concours musicaux, Charles-David questionne les moyens pour justifier la fin chez les «feux de paille» et autres «artistes formatés» par l’industrie de la musique. Plusieurs jeunes de la relève rêvent de devenir des vedettes instantanées… mais à quel prix ?

Le jeune auteur-compositeur et interprète en a essuyé des refus. Il en a fait des demandes de bourses de soutien à la création auprès des instances gouvernementales… demandes qui sont restées lettre morte. Mais ces refus n’ont jamais été un frein pour lui.

« Le message que je veux transmettre aujourd’hui aux jeunes artistes, c’est de ne pas attendre après les autres, les concours et les subventions pour réaliser des projets. On peut le faire par nous-même avec des solutions alternatives, comme enregistrer des EP avec Garage Band, qui est peu coûteux. J’ai bon espoir qu’un jour, la musique émergente occupera la place qu’elle mérite et qu’elle apportera des changements bénéfiques dans l’industrie », conclut Charles-David.