François Brisson…L’homme aux commandes

ANGE-GARDIEN – Cette semaine, on se lance dans une série de grandes entrevues qui aura pour objectif de «redonner à César ses lauriers bien mérités». De Quessé ?

Nous rendrons hommage aux travailleurs de l’ombre dans différentes sphères de notre société; à ceux et celles que l’on ne voit jamais, mais sans qui la roue ne tournerait pas…

François Brisson est notre premier invité de la semaine. Je connais le personnage depuis plus de 20 ans. Il en a fait du chemin ce petit gars de Marieville qui a commencé sa carrière en relançant la radio étudiante à la polyvalente Mgr Euclide-Théberge à Marieville.

Aujourd’hui, François est aux commandes de la console de mise en ondes de stations radiophoniques montréalaises réputées, notamment à CKOI et au 98,5 FM.

Disco mobile

Le saut dans le domaine public, François l’a tout d’abord amorcé avec la création de la Disco Mobile FRANFRELUC qui existe toujours. Avec son ami Luc Lajoie, il a créé l’entreprise à la fin du secondaire.

«On a commencé ça par hasard dans le sous-sol d’un ami. On avait mis de la musique et j’avais dit quelques niaiseries au micro. On avait lancé à la blague : on se part une disco mobile! Trois semaines plus tard, ma mère me demande de faire son party de bowling. On a passé le chapeau et on a fait 60 $ en «tips». Ce fut notre première paie que l’on a réinvestie dans l’achat

d’équipement. Une super console Realistic de 500 $. On était lancé !», se remémore François.

De fil en aiguille, de contrat en contrat Les Productions FRANFRELUC monte les échelons du succès et est mesure d’offrir une gamme se services professionnels en animation pour toutes sortes d’événements corporatifs et publics.

La quête d’un microphone

François est arrivé à la radio à la dure. Il a monté les échelons un à un. Ses heures de bénévolats ne se comptent plus. Fort d’une formation au cégep de Saint-Hyacinthe en Arts et Lettres qui fut suivie d’un bac à l’UQAM en animation culturelle, son entrée dans le monde de la radio s’est effectuée avec une formation à l’École de Stéphane Roy. Il fut un des premiers étudiants à sortir de cette école.

«J’avais 18 ans et je voulais travailler en radio. J’avais attrapé la piqûre au secondaire. J’ouvrais la radio chaque matin et je trouvais que les gens avaient du plaisir à travailler dans ce milieu. Ça avait l’air d’être une belle job. Mais mon père, ma mère n’était pas dans la radio. Je ne connaissais personne dans ce milieu. Il a fallu que j’ouvre les portes une par une », explique François.

Et c’est ce qu’il a fait. Il débutera en région à Longueuil pour animer les bulletins de circulation. Il migrera rapidement vers Châteauguay à la station CHAI 101,9 où il anime le 6 à 8. Sa première émission où il sera derrière la console, le micro et au choix musical.

«J’avais le contrôle sur tout. C’était ça que je voulais faire. Ce fut une belle école pour apprendre le métier. J’ai animé trois shows différents à Châteauguay. En même temps, j’étudiais à l’université», mentionne François qui est resté aux commandes de cette émission bénévolement pendant trois ans. Il voyageait de Marieville à Châteauguay trois fois par semaine… 3 heures de voiture allez-retour, à chaque fois. « C’était à l’époque où il n’y avait pas le prolongement de la 30 !», rigole François.

Dans les ligues majeures

Parmi les dernières portes qu’il a ouvertes avant de se rendre en haut de la tour, François passera par ville Saint-Laurent, puis à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Z-104 où il y demeurera huit ans, pour animer notamment le show du retour à la maison et comme directeur de la promotion et à la régie technique.

En 2008, la station de St-Jean passe aux mains d’Astral qui mènera à la création de BOOM-FM. François anime quelques émissions à la télévision communautaire du Haut-Richelieu, et sur une radio web soit la couverture des matchs de hockey des Chiefs de la ligue nord-américaine à St-Jean puis à Saint-Hyacinthe avec Alexandre Beaudoin.

C’est à cette période que François commencera à travailler à CKAC pour faire de la mise en ondes les week-ends en matinée à l’émission de Johanne Verdon.

«Ce fut une très belle école pour apprendre l’ABC de la mise en ondes. Dans la boîte, on connaissait déjà ma passion pour le sport, le hockey en particulier. Je me suis mis chums avec les gars et je suis devenu metteur en ondes pour Les amateurs de sports, émission animée à l’époque par Michel Villeneuve et Bonsoir les Sportifs avec Ron Fournier », raconte François.

Il poursuivra son aventure comme réalisateur et metteur en ondes avec la couverture des matchs du Canadiens avec Danny Dubé et Martin McGuire. Il fera la mise en ondes en direct du Centre Bell pendant quatre ans.

Aujourd’hui, François est un touche à tout. Rien n’est routinier et chaque journée lui apporte son lot de défis. Il est aux commandes de plusieurs émissions notamment celle de Paul Houde, Peter McLoud, Benoît Dutrissac, Isabelle Maréchal, Les amateurs de sports… Il adore son métier qui lui permet de côtoyer plusieurs vedettes du showbizz québécois. Il est aussi de l’émission matinale à CKOI de 5 h 25 à 9 h qu’il aime particulièrement.

«C’est tellement plaisant de travailler avec cette gang-là. On rigole beaucoup. Ce n’est pas difficile quand tu es sur le même plateau que Martin Cloutier, Billy Tellier, Tamy Verge, Patrice Bélanger…Comme la régie est dans le studio avec les animateurs, le lien est direct on est toujours au coeur de l’action. On fait partie de la gang», explique François.

Jean Lapierre

Comme dans la vraie vie, la radio n’échappe pas aux durs coups qu’elle peut parfois nous amener…

Lorsque le journaliste Jean Lapierre est décédé l’année dernière dans un accident d’avion en se rendant aux funérailles de son père aux Îles-de-la-Madeleine, c’est François qui a monté à la dernière minute l’hommage audio que Paul Arcand a fait joué dans le créneau où Jean Lapierre avait l’habitude de parler.

«Ç’a été l’heure la plus stressante de ma vie. Je devais faire un montage d’entrevues de Jean. L’ambiance était assez lourde. Aux réunions, Paul Arcand nous demande de diffuser des moments de joie et de bonne humeur que Jean Lapierre avait partagés en onde. J’avais 45 minutes pour faire le montage. Il fallait trouver les entrevues. Mais dans aucune de ces entrevues, il y avait le fameux : Salut! Salut ! Puis, je me suis souvenu que j’avais conservé sur ma boîte vocale dans mon téléphone, des conversations que j’avais eues avec Jean. J’ouvre mon cellulaire et je pars la cassette. Le Salut ! Salut ! était là. Je venais de parler avec un mort… Assez weird merci ! Je l’ai rajouté en ouverture et en fermeture de l’hommage audio. Ouf ! J’en ai eu de la broue dans le toupette. Jean Lapierre était une personne attentionnée qui parlait à tout le monde. Il nous manque beaucoup », confie François.

Âgé d’à peine 40 ans, François Brisson est heureux de son parcours et du siège qu’il occupe dans le merveilleux monde de la radio.

«C’est un métier qui n’est pas routinier. C’est l’aspect que j’aime le plus. On se promène d’un show à l’autre. On rencontre plein de gens intéressants», conclut François.

Photo: Courtoisie