FÉDÉRALES 2021: Exit la langue de bois pour le chef du Bloc

André Corbeij

CHAMBLY –  Au lendemain du premier Face-à-Face des chefs à TVA, Yves-François Blanchet a reprit la route du Québec pour aller porter la parole du Bloc Québécois. Ce matin, l’autobus du chef bloquiste a fait un arrêt Chambly pour répondre individuellement aux questions des représentants des médias locaux et régionaux dont le Montérégien.

C’est dans une ambiance décontractée, attablé à la terrasse du Garde-Manger de François, que le chef du Bloc s’est entretenu avec nous.  M. Blanchet est apparu très satisfait de sa performance au débat de la veille.

« Le débat, c’était l’occasion pour moi de placer le ton. Je suis quelqu’un qui a un franc-parler. Je n’apprends pas mes phrases par cœur et je ne fais pas dans la langue de bois. J’ai tendance à dire ce que je crois être la vérité au moment où je parle. Je prends le risque de ça. Quand il y a un intermédiaire entre moi et l’électeur, ça donne des trucs un peu étranges, comme nous en avons observés récemment. Comme par exemple, je n’ai jamais dit que j’étais en faveur du 3e lien. J’ai défié tout le monde en demandant une preuve qui n’est jamais venue. L’appareil médiatique est parti là-dessus. Il y en a un qui l’a dit et les autres l’ont répétés. Le débat d’hier m’a permis de régler mes affaires directement. De poser mes questions à messieurs Trudeau, O’Toole et, dans une moindre mesure, à M. Singh, devant près d’un million d’électeurs. J’ai adoré faire cet exercice. Contrairement à la campagne de 2019 que j’avais fait avec un rhume attrapé sur la Côte-Nord une semaine avant la campagne, là, je suis dans une forme exceptionnelle. Je fais de la course et du vélo tous les matins. J’ai beaucoup de plaisir», mentionne Yves-François Blanchet.

Au sujet de sa performance au Face-à-Face que plusieurs observateurs ont désignée comme l’une des meilleures de la soirée, Yves-François Blanchet a mentionné que la seule bonne note à son bulletin qu’il souhaitait recevoir, était celle des électeurs de Beloeil-Chambly le soir du 20 septembre. Sur la nécessité de déclencher des élections par Justin Trudeau en pleine pandémie de la Covid-19, le ton de M. Blanchet est demeuré cinglant.

«C’était nécessaire de ne pas aller en élections. Justin Trudeau et c’est notoire et horrible jusqu’à quelques jours avant l’élection, a juré qu’il ne voulait pas aller en élections, alors que nous savions tous qu’il était en train d’imprimer ses pancartes et de peinturer son autobus. C’était problématique pour moi. En plus, nous étions en plein été. Les gens ont autre chose en tête. C’est normal, car on a tous le droit de prendre nos vacances. Justin Trudeau n’a pas voulu faire son bilan et a préféré se cacher derrière le fait que c’était l’été. Là, c’est en train de le rattraper solidement. En plus, il y a la question de la sécurité. Tu ne peux pas dire que tu vas en élections pour avoir un mandat pour assurer la sécurité des Québécois et des Canadiens en temps de pandémie et commencer à te prendre en photos pas de masque, le visage collé avec de parfaits étrangers. C’est tout à fait irresponsable. Et en plus, le Parlement fonctionnait ! Ça l’obligeait à négocier avec nous et les autres partis. Ce faisant, ça donnait un résultat qui était davantage conforme à ce que les Québécois et les Canadiens voulaient. Mais M. Trudeau ne voulait pas négocier, car un gouvernement majoritaire gagne tous ses votes et il peut faire ce qu’il veut. C’est la pire affaire qui peut arriver aux Québécois un gouvernement majoritaire quel qu’il soit. Nous avons réussi à imposer l’agenda du Québec à Ottawa, qui sera évincé de l’équation advenant un gouvernement majoritaire», poursuit M. Blanchet.

Justin Trudeau à d’ailleurs évoqué hier soir qu’il repartirait en élections dans 18 mois, s’il n’est pas élu majoritaire le 20 septembre.

«C’est d’une extraordinaire maladresse. Il y a une loi. La loi sur les élections à date fixe qui dit que les élections sont aux quatre ans. Et là, tu as un premier ministre qui dit si jamais c’est minoritaire, je vais être tellement provoquant, qu’on ne fera pas quatre ans encore une fois. Alors, c’est par sa volonté à lui que nous sommes en élections. Ça ressemble à une menace. Ce n’est pas très habile.»

Sondages

Le récent sondage de la firme Léger & Léger place le Bloc Québécois en Montérégie à 34% des intentions de votes contre 32% pour les libéraux. Nous avons demandé à M. Blanchet s’il comptait intensifier sa présence dans cette région pour faire le plein de votes.

« J’intensifie ma présence partout. Je ne commente pas les sondages mais je n’ai pas d’inquiétude. Sans entrer dans le détail, l’ouest de la Montérégie a une forte concentration moins propice au Bloc Québécois. Toutes les circonscriptions qui sont au Bloc présentement, ne sont pas menacées dans ma perspective. J’ai confiance que les citoyens vont nous faire confiance. On travaille plus fort pour aller ajouter Longueuil-Charles-LeMoyne, Châteauguay-Lacolle et Brome-Missisquoi à nos circonscriptions », poursuit M. Blanchet.

Enjeux et plateforme locale

La rivière Richelieu est un dossier qui préoccupe beaucoup la population de la circonscription de Beleoil-Chambly.

« La rivière Richelieu c’est notre emblème, c’est notre artère. Le sang de la Vallée-du-Richelieu. Il y a les enjeux de sécurité et de civisme sur l’eau. Les enjeux environnementaux de la rivière, du barrage Fryer. Les bandes riveraines. J’aurai une annonce à faire bientôt sur ma plateforme sur les enjeux locaux. Depuis que je suis en politique, j’ai toujours préparé moi-même mes plateformes locales pour être sûr que ça correspond à la vision que j’ai développée du comté en rencontrant les gens. »

Le « Plan » d’Erin

À plusieurs reprises, Erin O’Toole a évoqué hier soir  qu’il avait « un plan » et « un contrat » avec les Québécois. Le chef conservateur a martelé le clou toute la soirée au débat des chefs. M. Blanchet a été sans pitié à son endroit.

« Un contrat est quelque chose que tu négocie librement entre deux parties. Lui, il arrive et dit : J’ai un contrat pour vous autres, je ne vous en ai pas parlé. Son contrat compromet l’argent des garderies, son contrat est un contrat fondamentalement pétrolier; son contrat essaie d’escamoter que son parti est contre l’avortement; que lui est contre l’aide médicale à mourir; contre la loi 21, même s’il prétend le contraire. Il y a un ensemble d’enjeux qui fait que je n’y crois pas. Hier au débat, ce fut très révélateur, lorsqu’on lui a demandé d’arrêter de dire qu’il a un plan et nous dire ce qu’il y a dedans… Ça n’a rien donné. Ça été un ensemble vide.  Les gens vont s’apercevoir vite que des conservateurs, ça reste des conservateurs. »

Yves-François Blanchet entamera donc la deuxième partie de sa campagne sur un mode serein.

« Tout débat n’est pas le fun à vivre mais l’exercice est sain. Je sais que les médias s’étaient dit : Cette fois-là on va le tester. Ils m’ont fait un dix jours un peu plus raide. Hier soir, le test était celui que le million de personnes qui a regardé le débat me faisait passer. Je pense que ça c’est bien passé. Mais je le réitère : pas de langue de bois, pas de réponses apprises par cœur, pas d’hésitations. Posez-moi une question,  je vais dire ce que je crois être la vérité et je vais prendre le risque du franc-parler par ce que je crois sincèrement que les gens de Beloeil-Chambly et les Québécois apprécient quelqu’un qui a du franc-parler. »

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