Descente de l’UPAC à Chambly : Pas de fumée sans feu ?

André Corbeij

CHAMBLY – Ainsi donc la descente de l’UPAC dans les bureaux administratifs de la Ville de Chambly hier matin visait le maire Denis Lavoie et plusieurs fonctionnaires dont une personne identifiée comme étant « sa copine », à la UNE du Journal de Montréal (édition du 28 février 2019), ainsi qu’un important promoteur immobilier. Une nouvelle qui a fait les choux gras des gérants d’estrades sur la toile ce matin.

Dans les faits et restons dans le concret, les allégations soulevées par l’UPAC sont lourdes… et seront probablement lourdes de conséquences, car en politique, la «PERCEPTION» ne fait pas de quartier. Se retrouver plus souvent qu’à son tour dans les médias pour les mauvaises raisons quand on œuvre dans le domaine politique, condamné ou pas, ça craint…

Le Journal de Montréal révélait ce matin que l’enquête policière baptisée «Parabole» par l’UPAC, était ouverte depuis près d’un an à Chambly. Suite aux témoignages entendus par la police, un juge a estimé que les allégations recueillies «étaient assez sérieuses pour donner le feu vert aux trois mandats de perquisition» exécutés hier matin.

Aussi, est-il bon de mentionner que les employés administratifs non visés par la perquisition ont été invités à quitter les lieux, la descente de l’UPAC ayant pour but de saisir des documents pour étoffer leur dossier. Les agents ont également sorti du lit des conseillers municipaux pour les questionner sur divers sujets, portant pour l’essentiel sur des questions d’abus de confiance en direction du maire Denis Lavoie. Bien que personne n’ait été arrêté hier, aucune accusation n’a encore été portée et rien n’indiquerait qu’elles déboucheront un jour sur des accusations formelles.

Une autre couche

Autre brûlot lancé ce matin sur les ondes du réseau Cogeco au 98,5 où l’on apprenait qu’une série de plaintes avaient été déposées par des citoyens à l’UPAC concernant la construction du Pôle du Savoir à l’effet qu’il y aurait dépassement des coûts, allégation niée par la Ville et l’octroi sans appel d’offre à une firme d’avocats de Chambly pour traiter les dossiers de la municipalité. Un avocat d’une firme (Alexandre Cayer), cité dans le reportage, a écopé d’une amende pour avoir voter dans une élection municipale à Chambly alors qu’il n’était pas habile à le faire.

Des conseillers prennent position

La majorité des élus au pouvoir qui siègent au conseil de ville maintiennent la ligne de parti et sont derrière leur maire. Pour certains, c’est la façon de faire du maire qui serait remise en question et pour d’autres, le chaos qui règnerait à la Ville serait le fruit d’un petit groupuscule virulent, frustré d’avoir perdu la dernière élection et qui déverserait son fiel sur les réseaux sociaux.

La majorité de ces élus croient que les accusations dont le maire fait l’objet ne sont pas fondées tandis que d’autres vont attendre les résultats de l’enquête pour dire si le maire a encore toute la légitimité pour gouverner.

Alexandra Labbé

La conseillère de l’opposition Alexandra Labbé croit que les événements des dernières 48 heures seront bénéfiques pour la municipalité. Au moment où les agents de l’UPAC se rendaient à son domicile pour l’interroger, elle était en entrevue à Salut, Bonjour ! sur les ondes du Réseau TVA pour livrer ses premières impressions sur la descente de l’UPAC.

« Ça fait des mois qu’on tire sur la sonnette. Oui j’ai été surprise de voir débarquer l’UPAC à Chambly. C’est une instance supérieure qui envoie un message fort ! Cet organisme traite les dossiers de corruption et de collusion. Nous ne sommes pas ici dans la déontologie ou l’éthique. Quand tu refuses à des élus des demandes d’accès à l’information, c’est que tu as peut-être des choses à cacher. Je fonde beaucoup d’espoir avec la mise sous tutelle », explique madame Labbé.

Rappelons que demain matin (1er mars) à 10 h, tout le conseil municipal rencontrera le tuteur de la Commission municipale du Québec qui informera les élus sur la nouvelle marche à suivre à l’Hôtel de Ville de Chambly. La prochaine séance du conseil «sous tutelle» aura lieu quant à elle le mardi 5 mars prochain.

« J’espère que ça va amener une nouvelle façon de faire à Chambly. Le message de la ministre Andrée Laforest a été clair: rétablir la confiance entre les élus et la population. Je fonde beaucoup d’espoir suite aux propos de la ministre dans son point de presse. Elle a été rassurante pour l’ensemble du Québec. Je crois qu’elle est sérieusement impliquée dans quelque chose qui va changer le monde municipal. Je nous le souhaite », conclut la conseillère du District du Canton.

Photographie : André Corbeij © / Journal le Montérégien Inc.