Déménager le premier juillet à Montréal. Une histoire rocambolesque !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Il semble que ce soit un phénomène très montréalais, qui date de l’intendant Bigot. Cet intendant de la Nouvelle-France aurait décrété que le 1er mai serait la date du déménagement. Plus récemment, ce sont les obligations scolaires qui ont obligé à transporter ses pénates le 1er juillet.

Quoiqu’il en soit, le déménagement est une bousculade, un jeu de chaise musicale ou de dominos, genre “ôte-toi, que je m’y mette” !

Un individu attend que vous sortiez pour entrer. Parce qu’un autre lui pousse dans le dos de pareille façon. Et c’est une chaîne de livreurs de boites, qui se compose peut-être de cinq cents à mille personnes, qui ne pourront bouger si vous ne “foutez le camp”. C’est la vague qui pousse sa précédente. C’est l’ondulation d’une rue à l’autre.

Chacun sort de sa maison avec ses dieux lares, ses chaudrons, ses meubles, son chat et son poisson rouge. Il traîne son barda dans les rues jusqu’à ce qu’il s’installe dans la maison d’un semblable qui vient de quitter un logement semblable.  Heureux de nicher maintenant dans “plus grand”, ou “plus petit”. C’est selon. Bref, c’est un dépaysement, un plaisir, une nécessité, une folie, et un malheur tout à la fois.

À bien y penser, il n’y a pas que Jean-Baptiste et Joséphine, de Montréal, qui eurent à déménager….

Songez que Adam et Ève, les premiers en firent autant. Ensuite Cro Magnon, qui délogea les serpents de la caverne pour s’y glisser à plat ventre. Et par la suite, tous les autres poilus qui ont imité la migration des oies blanches.

On est tous un peu Robinson Crusoé, pour faire naufrage dans un réduit qui nous parait différent. N’est-ce pas ?

Illustrations: Album Universel, 7 mai 1904. Le Monde Illustré, 7 mai 1887.