Conclusion coup-de-poing versus décision invertébrée !

Lise Perreault

ENVIRONNEMENT – L’humanité court à sa perte, préviennent 15 000 scientifiques à travers le monde. Pas question de « fermer » le secteur pétrolier, affirme Catherine McKenna. Ça me scie, ces deux titres côte à côte dans l’actualité environnementale! Comment une ministre peut-elle faire fi de 15 000 scientifiques à travers le monde? 

La première cause menant à la sombre conclusion des scientifiques, ce sont les énergies fossiles qui retardent la réduction du CO², réduction invariablement primordiale pour limiter le réchauffement à 2°C. Mais après trois années de stabilité, les émissions mondiales de CO² repartent pour l’escalade en 2017. La communauté scientifique recommande pourtant de plafonner les émissions de gaz à effet de serre dès 2020! Au bas mot, d’ici deux ans.

Heureusement, le gouvernement albertain en matière de lutte contre les changements climatiques prend des « engagements très forts » : il impose au secteur des sables bitumineux un « plafond » d’émission de GES fixé à 100 millions de tonnes par année.  Effectivement, c’est fort; cent millions de tonnes par année! Actuellement, l’industrie des sables bitumineux émet environ 70 millions de tonnes de GES, dans les prochaines années, elle pourra poursuivre sa croissance et pourra même, d’ici 2030, augmenter sa production de plus de 50% pour atteindre 3,7 millions de barils par jour. Produits pétroliers évidemment destinés à la consommation. Il faut réduire d’ici 2020 et on augmente jusqu’à 2030! Vraiment fort.

Par contre, l’Alberta imposera une taxe carbone : « Nous devons soutenir ces gestes et nous travaillons ensemble, énonce la ministre de l’Environnement et du Changement climatique. Polluer n’est pas gratuit. Il y a un coût pour la santé et il y a un coût pour le climat. »

Le hic, c’est qu’on ne peut acheter l’équilibre climatique, et la pollution, qu’elle vienne d’Alberta ou d’ailleurs, ne reste pas en vase clos. N’avons-nous pas eu NOTRE épisode de smog en ce novembre glauque qui n’a pourtant rien de spécial, sinon que l’on constate de plus en plus tragique, et entretenue par une étourderie entêtée, la lenteur du redressement environnemental.

Smog, le long de la Vallée-du-Richelieu, de la vallée du Saint-Laurent… Ça s’étire le smog, ça couvre de plus en plus de régions… les Laurentides, la Mauricie, la Beauce…

C’est simple, le smog, comme l’a expliqué le météorologue d’Environnement Canada, Bruno Marquis: « Il n’y a pas beaucoup de circulation de l’air. Les vents sont calmes. Tous les polluants qui se retrouvent près de la surface n’ont pas de place où aller et se déplacent très peu. […] Quand on a plusieurs journées de beau temps, les concentrations augmentent et persistent jusqu’à ce qu’il y ait un bon système météo qui amène beaucoup de vents pour disperser toute cette pollution. » Ça va être gai, si on paye nos clémentes journées azurées par un épisode hyper pollué. Plutôt triste que maintenant, un bon système météo n’en soit pas un qui annonce le beau temps, mais qui disperse le smog.

Disperser le smog, la belle affaire, la pollution s’en va juste ailleurs dans l’atmosphère. Jusqu’à saturation. Jusqu’à prendre d’assaut le Québec… Lanaudière, Saint-Hyacinthe, Vaudreuil-Soulanges, Montmagny-L’Islet… Le smog se bâtit au jour le jour. On tient vraiment à bâtir pour nos enfants un monde où les particules fines qui pullulent dans l’air rendent sournoisement malade? Un monde où on garde les enfants à l’intérieur le temps que la météo se remette d’invitantes journées ensoleillées? Mais selon toute invraisemblance, on continue à exploiter, donc à consommer, les hydrocarbures.

Au chapitre de l’environnement, nous sommes assaillis de titres dévastateurs. Mais de ces deux titres, s’il en est un qui sonne le glas, c’est celui qui va à l’encontre des solutions proposées par ladite communauté scientifique que l’on dédaigne. Et pourtant, le grand vent précisément souhaitable, c’est celui du changement.