Christophe Préfontaine, patriote engagé, troisième surintendant au canal de Chambly

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Après le marchand Michel Borne et et le charpentier Pierre-Télesphore Chartier, tous les deux natifs de Québec, c’est un cultivateur originaire de Saint-Marc-sur-Richelieu, qui succèdera à la fonction publique de surintendant. Christophe Préfontaine (1817-1877). Il a 46 ans. Il avait épousé Françoise Chicoine à Saint-Marc-sur-Richelieu le 24 janvier 1842. Il est promu en novembre 1863 et il conservera cette position enviable jusqu’à son décès le 8 mai 1877. Christophe Préfontaine et “dame” Chicoine seront inhumés dans le cimetière St-Joseph

Le surintendant Préfontaine est le sixième des dix-sept enfants, nées du couple Joseph Préfontaine et Angélique Beaudry. Lors des tumultes des années 1837-1837, on le trouve très engagé auprès de la mouvance patriote de la région de Saint-Marc-Beloeil. De son union avec Françoise Chicoine (c1820-1875), seraient nés huit enfants: Françoise (1842), Louis-Christophe-Napoléon (1844), Hilarion-Agapit (1846), Georges-Godfroy (1849), Honorine (1850), Georgina (1850), Hilaire et Marie-Sophie (Dictionnaire historique, SHGBMSH). Marie-Sophie, “mineure“, épousera le notaire Oscar-Jean-Baptiste-Cham Duval en 1866. Agapit deviendra “tailleur de pierre” et épousera Philomène Moreau, fille d’un éclusier, en 1874 et demeurera à Chambly

Lors du recensement de Chambly en 1871, on déclare que Christophe Préfontaine a 53 ans, son épouse Françoise, 51 ans. Ses enfants, Napoléon, 26 ans, est “mouleur en cuivre“; Georges, 22 ans, est “peintre“. Georgine a 19 ans et Agapit, 17 ans, est qualifié de “commis“.

Tout comme son prédécesseur, le surintendant Préfontaine n’échappera pas aux attaques politiciennes. Plusieurs électeurs se plaignent: “Permettez-nous de protester contre la conduite injuste et peu libérale de M. Préfontaine, surintendant du canal de Chambly. Ce Monsieur doit se rappeler que, malgré sa politique opposée à l’ancien gouvernement, celui-ci ne l’a pas destitué. Maintenant que les libéraux sont au pouvoir, M. Préfontaine ne cesse de faire une cabale effrénée auprès de ses subalternes, ne se rappelant pas qu’il a joui d’une liberté complète sous l’ancien gouvernement. Nous protestons contre cette conduite injuste et peu libérale du bouc émissaire des Nationards”. (La Minerve, 28 décembre 1874).

En effet, il se trouve qu’en janvier et décembre 1874, deux chaudes batailles électorales ont eu lieu dans le comté de Chambly. La lutte met aux prises le député conservateur Pierre-Basile Benoit (qui deviendra surintendant en 1886) et le prétendant libéral Pierre-Amable Jodoin (son fils sera nommé surintendant au canal en 1905). Au premier match, le libéral Jodoin est élu. Mais l’élection est contestée devant les tribunaux par le candidat conservateur Benoit. La reprise du scrutin, le 29 décembre 1874 réélit le libéral Jodoin. Toutes les forces vives du parti libéral sont appelées à supporter le candidat. C’est lors de ce scrutin que le surintendant Préfontaine aurait cabalé pour les libéraux. Etait-ce un engagement volontaire ou une participation obligée ?

Références: Paul-Henri Hudon, Les hommes du canal, pages 137 à 139. Recherche inédite de 209 pages, primée au concours de la Fondation Percy-W. Foy en 2012.

André Champagne, Le Québec des XVIIIe et XIXe siècles, Septentrion, pages 124 et al.

Illustration: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. L’entrée du canal à Chambly vers 1910.