Ces hommes héroïques et ces femmes de devoir aux temps d’épidémie

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – On mise, et avec raison, sur le personnel soignant dans nos temps actuels de cloisonnement morbide. Il faut rappeler ces intrépides et courageuses personnes d’autrefois, ces dévoué(e)s à mains nues qui ont bravé les dangers des épidémies.

Retenons, Hyacinthe Hudon (1792-1847), chanoine honoraire et vicaire général du diocèse de Montréal, décédé alors qu’il prodiguait des soins aux immigrés irlandais atteints de typhus. 10 000 victimes en 1847, dont la moitié inhumés à Grosse Ile.

Un journaliste signale deux hommes de courage, à Chambly, demeurés anonymes: “Nous croyons qu’il est de notre devoir de signaler à la connaissance du public la conduite de deux jeunes hommes alors présents à Chambly, nommés Bricaut et Boivin qui, pendant tout le cours de la maladie (le choléra de 1832), ont été exclusivement occupés à soigner les malades, à leur procurer les secours du prêtre et du médecin, à ensevelir les morts et à les porter à la sépulture. Ce dévouement doit paraître d’autant plus beau qu’ils sont étrangers à l’endroit et qu’ils n’ont d’autres moyens de vivre que ce que leur procure leur travail journalier. Ce trait honore certainement l’humanité”.

M. le curé Mignault les ayant nommés en chaire, comme ayant mérité de la paroisse, le Bureau de santé mit entre ses mains une somme pour leur être affectée. Le dimanche suivant, M. Mignault les ayant appelés à la balustrade, la leur présenta, après les avoir exhortés à persévérer toute leur vie dans cette vertu. Je voudrais pouvoir rapporter le discours que ce digne monsieur fit à ce moment. L’auditoire était pénétré et des larmes coulaient sur plus d’un visage. La vue d’un ministre auguste de l’autel couronnant dans le temple l’humble vertu de la chaumière est déjà un spectacle sublime”. (La Minerve, 2 août 1832).

Que dire de tous les inconnus et des religieuses sans nom qui ont livré bataille en apportant dans l’abnégation les services à tous les blessés, cholériques, pestiférés et lépreux de tout temps. Un auteur français les honorent ainsi: “Ma Soeur ! Vous m’avez soigné à l’hopital et je vous ai vue sur le champ de bataille pendant l’année terrible en 1870. Je vous ai vue aller au milieu des balles et de la mitraille soulever un blessé, lui lever la tête, lui tendre sa goutte d’eau, le ranimer, panser sa blessure, et déchirer votre guimpe blanche pour arrêter le sang, puis le faire transporter à l’ambulance; et là, toujours, jour et nuit, l’oreille tendue à sa plainte, l’oeil fixé sur ses moindres mouvements, sans sommeil, et oubliant toute fatigue, le soigner et le guérir.” (Le Monde illustré, 9 août 1884, page 2).

Illustration: La Quarantaine, lors de l’épidémie de choléra à Toulon et à Marseille en 1884. Dans Le Monde Illustré, 2 août 1884.