Ce qui reste des écoles de rang. Une maison d’école dépareillée à Carignan

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Verrons-nous renaître ces petites écoles de rang dans un futur proche ? C’est bien peu probable, n’est-ce pas. Il reste dans Chambly et Carignan de rares exemplaires de ces académies des premières lettres.

Il en est une en particulier qui s’est démarquée par son gabarit. À la Montée du Moulin vers 1910, une résidence privée servait aux études élémentaires.  Cette maison dressée haute sur son solage, avec sa cuisine d’été, ses escaliers branlants, n’est pas du type classique. Les écoles de ce temps, sans sous-sol, avaient un gabarit réduit au minimum, sans étage, à toiture simple. Juste assez d’espace pour une trentaine de fillettes et de gamins avec leurs crayons à mine, ardoises, sacs à dos et boîtes à lunchs. La mixité ne faisait pas scandale à l’époque.

Madame Céline Bisaillon nous apprend que “cette école de rang fut ouverte pour une année seulement sur la Montée du Moulin, côté sud, vers 1910.  La maison appartenait à un ancêtre Bigonesse qui était propriétaire de la terre. Au centre par terre, la 4ième fillette est une tante Raymond née du premier lit. Les garçons debout, le deuxième est Casimir Moquin, un grand oncle, et le 5ième, est un Many, probablement Eugène...”

Bernadette Laflamme ajoute: “À cette époque les familles sont nombreuses. L’école située sur le chemin De Salaberry déborde. Alors on ouvre une classe sur la Montée du Moulin dans l’actuelle maison des Many, au numéro 1733. Mademoiselle Valentine Lusignan-Bertrand en sera l’institutrice…“.

Valentine Lusignan, institutrice, est née le 5 juin 1872 à Richelieu, fille du meunier Louis Lusignan et de Marguerite Lemaire. Elle épousera Damase Bertrand à Chambly le 29 octobre 1901. Ce couple fera baptiser Marguerite-Mathilde-Marcelle Lusignan le 31 juillet 1902. Un certain Damase Bertrand enseignera à l’école no 6 à Carignan en 1921. (Dictionnaire encyclopédique de la seigneurie de Chambly, p. 124. Recensement de 1901).

Le lecteur aura remarqué parmi les vingt-six écoliers, seulement neuf garçons. Dans la deuxième rangée, trois fillettes, sans tablier, affichent une collerette identique, laissant croire qu’elles seraient les trois soeurs d’une famille plus élégante. Cinq jeunes filles portent une coiffe d’arrière-tête, sorte de couronne sombre.

Références: Paul-Henri Hudon, Le temps des maîtresses d’école, dans Les Cahiers de la seigneurie de Chambly, no 40, septembre 2016, pages 70 et 109.

Illustrations: La maison servant d’école à Carignan, Montée du Moulin: Collection personnelle et gracieuseté de Mme Céline Bisaillon. L’école déménagée sur la Grande Ligne en 2010, collection personnelle de Paul-Henri Hudon. L’école au 2570, chemin Bellerive à Carignan, Archives de la SHSC, vers 1970.