Blocus et barricades ! Faire barrage à l’adversaire est une pratique fort ancienne

 

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Dans l’Antiquité, comme au moyen âge, le truc le plus utilisé pour contrecarrer un ennemi consistait à ériger un blocus et couper ses communications. Soit on bloquait l’accès aux refuges, les châteaux-forts, les monastères, les églises. Soit on faisait le siège d’une ville ou d’une forteresse, pour affamer les occupants. On privait les assiégés des sources d’eau et des approvisionnements.

Ce fut le triste cas du siège de La Rochelle en 1573 par le cardinal de Richelieu, ou du siège de Québec par les troupes britanniques en 1759 (Voir la carte). Et même le siège du fort de Chambly le 4 septembre 1760.

Siège de Québec.

Dans ce dernier cas, un millier d’hommes armés anglo-américains descendent le Richelieu et se pointent autour du fort de Chambly. Le commandant Louis Dazemard de Lusignan n’a d’autre choix que de se livrer à l’ennemi britannique. Il n’avait pas les moyens ni les ressources pour soutenir un siège.

Chambly a aussi connu des refus d’obtempérer. Alors qu’on construisait le canal, un attroupement de travailleurs, mécontents de leurs conditions de travail, empêchèrent l’accès au chantier en 1832. Les motifs de cette embuscade sont peu connus, mais nous soupçonnons l’épidémie de choléra qui sévit d’avoir amplifié les rouspétances. Les jours de travail au canal étaient “depuis cinq heures du matin jusqu’à sept heures du soir”, rémunérés à environ 50¢ à 60¢ par jour, payables au mois. Mais ils ont été réduits “de six heures à six heures”.

Canal employés

Un de nos correspondants nous écrit qu’une petite révolution eut lieu mardi dernier à Chambly entre les journaliers et les entrepreneurs du canal au sujet de la paie. L’honnorable M. Hatt, en sa qualité de magistrat, a délivré un mandat d’arrêt contre les perturbateurs de l’ordre; l’huissier n’ayant pu le mettre à exécution, ayant même été maltraité par ces journaliers, s’en plaignît au magistrat, et la milice fut appelée.

D’après les ordres du colonel D. David, environ cinquante miliciens se rendaient sur les lieux, lorsqu’ils apprirent que leur présence n’était plus nécessaire. M. Hatt, M. le colonel et M. le Curé étaient parvenus à rétablir l’ordre et à faire livrer les coupables.

On ne saurait trop les féliciter en cette circonstance d’avoir empêché l’effusion de sang. (L’Ami du Peuple, de l’Ordre et des Lois, samedi 18 août 1832). “Il s’agissait d’une petite dispute entre les contracteurs et les employés au sujet de leur paie…” selon le journal La Minerve, édition du 30 août 1832.

Sources: Réal Fortin, Le fort de Chambly, Septentrion, pages 94 à 96. Rapport des entrepreneurs Andrès, 7 juillet 1843, dans JALBC, MIC1222, 1843, appendice T.

Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. Des employés au canal de Chambly, vers 1936.